Mexique – Incendies et émeutes contre la police dans plusieurs villes

[Ci-dessous un texte sur la révolte en cours qui secoue plusieurs villes du Mexique depuis jeudi 4 juin après un énième meurtre policier. Partie de Guadalajara et inspirée par l’exemple du soulèvement récent aux Etats-Unis, elle se propage à diverses localités du pays, comme dans la capitale Mexico.
Après une journée de vendredi conflictuelle (cf ci-dessous), les émeutes ont repris ce lundi 8 juin à Mexico, lorsque plus d’une centaine de personnes, la plupart cagoulées, ont déambulé dans les rues du centre de la capitale, pour venger mort.e.s et blessé.e.s sous les coups de la police. Contrairement à vendredi dernier, aucun drapeau ni banderole n’était de sortie, ce qui a grandement compliqué le travail d’identification des flics en civil et des journaflics qui, d’ailleurs, se sont faits dégager à de multiples reprises à coups de pierres et d’extincteurs. Les flics avaient déployé un gros dispositif au niveau de la rue Maduro, afin de contenir les désordres et ainsi protéger les bâtiments et boutiques de l’hyper-centre (historique). Toutefois, il y a eu une nouvelle fois beaucoup de saccages et de destructions : panneaux publicitaires, commerces et agences bancaires (le siège de la Banque du Mexique), supermarchés (certains pillés). Un ‘Starbuck’ qui avait pourtant ses vitres protégées par des planches en bois n’a pas résisté longtemps face aux coups de quelques enragé.e.s. Au bout d’un certain temps, des pacifistes et droits-de-lhommiste seraient sortis du cortège officiel pour aller se confronter aux anarchistes en raison des diverses destructions.

 


Mexique : Incendies et émeutes dans plusieurs villes contre la répression policière (récit informatif)

Assassinat de Giovanni et protestations à Guadalajara (4 juin)

Venant s’ajouter au climat international généré non seulement par la pandémie, mais aussi par une crise systémique et civilisationnelle qui utilise le covid-19 comme prétexte pour accroître la domination sociale, et à quelques semaines à peine du tumulte des révoltes aux États-Unis suite à l’assassinat de l’afro-américain George Floyd aux mains de policiers suprémacistes, les réseaux sociaux ont diffusé une des si nombreuses affaires de violences policières auxquelles nous sommes habitués au Mexique. Il s’agit d’une vidéo montrant l’arrestation de Giovanni López, un maçon frappé et assassiné par la police alors qu’il était assis dans la rue sans masque, dans la municipalité de Ixtlahuacán de los Membrillos à Jalisco, le 4 mai 2020. Le jeudi 4 juin, dans le centre de Guadalajara se déroule une ardente protestation se soldant par deux voitures de patrouille incendiées, des tags sur les murs et la destruction de biens gouvernementaux. La police a répondu à coups de gaz lacrymogènes contre la foule et la journée s’est terminée avec plus d’une vingtaine d’arrestations. L’opinion publique citoyenne a sursauté d’indignation lorsqu’un des manifestant-e-s déguisé a arrosé d’essence un flic à moto et lui a mis le feu avec un briquet.

Il faut expliquer que le gouvernement de Jalisco a décidé d’opter pour des mesures policières et administratives contre la population sous prétexte de prendre soin des citoyen-ne-s; cela vient s’ajouter à un climat de militarisation camouflée en optimisation des corps de police dans tout le pays.

Destructions dans la ville de Mexico (5 juin)

Le vendredi 5 juin, les protestations se sont reproduites dans la ville de Mexico avec un appel en défense du mouvement antifasciste suite à sa désignation comme “groupe terroriste aux États-Unis et en réponse à l’assassinat de George Floyd à Minneapolis et à celui de Giovanni López à Jalisco. Il était appelé à protester devant l’ambassade des États-Unis où des anarchistes et des antifascistes se sont retrouvé-e-s de manière combative, pillant, attaquant avec des marteaux, des pierres, des pétards et des cocktails Molotov des commerces et des bâtiments gouvernementaux, des biens publics, des stations de bus, affrontant directement la police et insultant la presse, laissant leur trace chaotique tout le long de l’Avenue Reforma. Les réseaux sociaux ont diffusé le tabassage d’une compagnonne, admise ensuite à l’hôpital sans être en état d’arrestation.

Deuxième journée de protestations à Guadalajara (5 juin)

De nouveau à Guadalajara, le même 5 juin trois manifestations ont eu lieu pour demander justice dans l’affaire de Giovanni à différents endroits de la ville, au Palais du Gouvernement, la Casa Jalisco et au Parquet Fédéral situé dans la 14ème rue, il y a eu des arrestations illégales de personnes se rendant aux points de rendez-vous; plusieurs manifestant-e-s ont été embarqué-e-s dans des camionnettes sans plaques d’immatriculation et sont porté-e-s disparu-e-s. Des flics en civil sont vus dans les zones rouges. D’autres récits affirment que des camions de transport public ont été arrêtés par des policiers qui en ont fait descendre de force quiconque ayant l’air de manifestant-e. Il est aussi fait mention d’attaques contre des patrouilles, de tags et de blocages.

Les actions s’étendent jusqu’à Veracruz et la police fait d’autres morts (5 juin)

Au milieu de toutes ces scènes intenses, une autre affaire de brutalité policière commence à circuler sur les réseaux sociaux, cette fois à Xalapa, Veracruz, où un sérigraphiste connu, faisant partie de la communauté hip-hop, Carlos Andrés Navarro alias “El área”, est arrêté et tabassé, finissant par mourir dans les cellules du commissariat. Une vidéo est diffusée, montrant Carlos Andrés coincé par les flics et criant À l’aide, ils veulent me séquestrer!”.

À l’aube du 5 juin, un groupe d’inconnu-e-s érigent une barricade incendiaire devant la maison où 5 ans auparavant, le 5 juin 2015, un groupe para-policier avait agressé des étudiant-e-s-activistes, parmi lesquel-le-s se trouvait une flic infiltrée qui fut la seule à en sortir indemne. Une banderole a été accrochée à la maison, faisant référence à George Floyd, Giovanni López, Oliver et Andrés Navarro. Avec des slogans contre le racisme et un « FUCK THE POLICE ».

Des incendies aussi à San Luis Potosí (5 juin).

Une manifestation a été appelée à San Luis Potosí, la mobilisation a débuté sur la Plaza de Armas et s’est ensuite dirigée vers le Congrès de Potosi qui a été la cible d’émeutes et de vandalisme par une partie du cortège. Les lettres ACAB (All Cops Are Bastards) sont apparues sur les murs du Congrès et du Parquet où une voiture de patrouille de la police municipale de Soledad a été incendiée. Des arrestations sont mentionnées.

AUX ÉTATS-UNIS, AU MEXIQUE, AU CHILI, EN INDONÉSIE, EN ITALIE, EN GRÈCE, EN FRANCE ET DANS CHAQUE COIN DU MONDE, L’ENNEMI EST LE MÊME : L’ÉTAT/CAPITAL !
FEU À LA POLICE !
CONTRE LA MONTÉE DU RACISME, LE FASCISME, LE CONSERVATISME, LE SEXISME, LES FÉMINICIDES ET TOUTE AUTORITÉ !
ORGANISE-TOI, METS TA CAPUCHE ET ATTAQUE !
STOP À LA MILITARISATION DE NOS VIES, À BAS LA DICTATURE GLOBALE PANDÉMIQUE !
QUE NOTRE RAGE NE S’ÉTEIGNE PAS !
NOUS NE VOULONS NI PROCESSIONS NI CARNAVALS, NOUS FERONS DES RÉVOLTES SAUVAGES!
QUE LA NUIT S’ILLUMINE !

[Traduction de l’espagnol reçue par mail de Anarquia.info, 7.6.2020]

 

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