A propos des mutineries dans les prisons italiennes, contre les mesures de l’Etat face au coronavirus
Pour une propagation de la révolte !
A propos des mutineries dans les prisons italiennes, contre les mesures de l’Etat face au coronavirus
Depuis plusieurs semaines le gouvernement italien a testé des mesures de plus en plus radicales de restrictions de liberté dans le but de gérer l’épidémie du coronavirus.
Si l’isolement et le contrôle deviennent de plus en plus durs à l’extérieur, la situation se fait insupportable à l’intérieur des taules. Cela fait déjà deux semaines que les parloirs, le travail et les activités complémentaires sont interrompus. Ces derniers jours, les personnes qui étaient en semi-liberté ne peuvent plus sortir et les permissions spéciales ne sont plus autorisées. Cela signifie aussi la privation d’accès à des produits et biens de base (nourriture, vêtements propres, argent…)
Suites à ces décisions, les premières mutineries éclatent le samedi 7 mars, pour s’étendre à une trentaine de prisons en l’espace de 2 jours sur l’ensemble du territoire italien.
Les moyens de révolte se font clairs et efficaces. Du nord au sud de l’italie, le feu se propage d’une prison à l’autre, des prisonniers montent sur les toits aux cris de « liberté et amnistie », des matons sont pris en otage, les barreaux se tordent, des documents officiels partent en cendre. Plus de traces des agents de l’ordre dans certaines ailes des bâtiments. A Modène, c’est l’entiereté de la prison qui a fermé, car les révoltes l’ont rendue inutilisable.
Les chiffres qui commencent à circuler parlent de plus d’une centaine de prisonnier.es évadés. On leurs souhaite bon courage !
Tandis que la fumée monte haut dans le ciel les proches et personnes solidaires se retrouvent en bas des prisons, que ce soit pour crier leur soutien ou organiser des barrages de rue, bloquant ainsi l’arrivée de la police, des GOM (équivalent des ERIS, CRS de la prison) et des militaires.
La révolte est intense, la répression est féroce : coupures d’eau et d’electricité, hélicos survolant des taules, violences policières… On compte au moins 12 morts dans plusieurs prisons. Si la presse bourgeoise et l’administration pénitentiaire parlent d’overdoses suite aux pillages d’infirmeries, les proches ont entendu des coups de feu. Et plusieurs prisonnier.es sont hospitalisés en soins intensifs.
Parallelement, politiciens en tout genre cherchent à pacifier en proposant des accès à des téléphones ou à skype, tout en demandant aux familles de calmer leurs proches… mais ça n’a pas suffit à casser leur détermination.
On leur envoie toute notre solidarité!
Nous n’avons pas besoin de faire des analyses des révoltes en cours, elles parlent d’elles-mêmes de l’attaque d’un système qui enferme et contrôle par la peur et la menace.
En s’appuyant sur une urgence et une peur généralisée qu’ils ont contribué à créer, les différents états se placent en sauveurs face à la catastrophe et nous imposent leur logique et leurs mesures. Ils rivalisent d’inventivité pour approfondir le contrôle et la surveillance et expérimentent au passage différents outils de gestion des populations.
D’ailleurs, la France parle de mettre en place un dispositif spécifique par rapport aux prisons dans les jours qui viennent.
En dehors de ces situations, la réalité carcérale est toujours dégueulasse. Face à l’enfermement, il n’y a que des bonnes raisons de se révolter!
Corona virus ou pas, en Italie ou ailleurs, feu à toutes les prisons !!
[Publié sur indymedia nantes, 12.03.2020]