Le 30 avril 2020 au soir je décide de mettre fin à mes jours. J’avais préalablement envoyé quelques lettres aux compas espérant qu’illes les reçoivent juste après ma mort.
Je ne voulais et ne veux aucun pathos ni aucune larme. Uniquement une fête flamboyante dans les flammes du réel pourrissant. Un doux rêve, pour partir avec le moins de remords possible.
Les raisons de mon geste sont multiples et entre autre sentimentales, du coup je ne les exposerait pas, pour conserver l’anonymat de la personne concernée.
Donc, le 30 avril au soir j’avale une grosse poignée de somnifères achetés dans la prison contre du tabac. Le 1er au matin mes codétenus n’arrivent pas à me réveiller et alertent les matons. Le Samu arrive et direction le service réanimation de l’hôpital. J’y reste 2 ou 3 jours (c’est flou comme souvenir), puis je suis transféré à l’hôpital psychiatrique de Pau, unité carcérale.
Là bas je suis placé en cellule d’isolement avec une espèce de jupe en kevlar qui tient à peine, avec des scratch. Un machin anti-suicide paraît-il. Je suis isolé 24h/24, aucune sortie, pas de télé, interdiction de lire ou d’écrire, juste une chiotte, un lavabo et un lit. Interdiction de fumer aussi. Une dérogation me permet de fumer 3 cigarettes par jour après les repas, dans une cour intérieure, accompagné par 3 infirmiers-flics. A peine la cigarette finie, retour cellule sous bonne escorte. Voilà mes seules activités.
Franchement, c’est 10 fois plus difficile que le quartier disciplinaire de la prison. Ils appellent ça du soin, j’appelle ça de la torture moyenâgeuse !
Je reste à peu près une semaine dans ces conditions, avant de retourner en transfert dans la prison de Pau. Retour cellule, les potes d’ici acclament mon retour, ça fait plaisir, quelques lettres en attente de compas de l’extérieur achèvent ma mise en bonne humeur. Un café, une clope, et la vie est repartie.
Merci de votre soutien à tou.te.s, pour le coup je me suis dit que j’avais pas le droit de vous abandonner comme ça.
« La révolution générale, je ne sais pas. Je ne sais pas ce que ça veut dire, à quoi ça ressemble. Peut-être on l’a déjà vécu, peut-être ensemble ».
Un compa, un ami.
Damien
prison de Pau, 11 mai 2020