L’état, la science et les médias ne sont jamais neutres. Ils font monter la peur du virus, la peur de la mort en fait. Tout en cherchant à éviter la panique, le chaos, pour garder le contrôle.
Comme d’habitude c’est une réponse unique qui est imposée à tous et toutes : arrêt de tout ce qui est considéré comme non nécessaires (selon eux) et surtout… le confinement !
Ça serait pour notre bien. Mais le bien de qui ?
Sûrement pas des femmes (et toutes les autres personnes) qui vivent des violences conjugales
Pas celui des enfants bloqués avec des parents nocifs
Ni celui des personnes qui vivent à plein dans des petits espaces
Pas celui de celles en prison ou qui restent enfermées dans des CRA (prison pour sans papiers), dont les conditions sont encore pire que d’habitude (pas de visites, de linge, moins de bouffe…)
Pas pour le bien de personnes travailleuses du sexe qui n’ont plus aucun moyen de gagner de la thune
Ni pour ceux qui pètent des câbles quand ils peuvent pas sortir
Pas pour celles qui n’ont pas les bons papiers et qui ont encore plus que d’habitude peur de sortir
Ni pour ceux qui dépendent des distributions de bouffe qui sont annulées
Pas pour le bien de tellement d’autres que ce système capitaliste, patriarcal, raciste, transphobe… écrase déjà quotidiennement…
Mais si si, c’est pour notre bien ! Et donc notre santé mentale, nos libertés… plus rien n’a d’importance. Pour la santé physique, la fin justifie les moyens : Contrôles, surveillance, amendes ou même peines de prison si on ne se plie pas aux règles. L’idée se répand que les personnes qui ne les respectent pas seront responsables si le confinement dure plus longtemps. Ça crée une figure de l’ennemi intérieur, comme si ceux qui n’obéissent pas aveuglement étaient irresponsables et « du côté du virus ». Donc la méfiance monte, certain-e-s deviennent le relai de l’état : son propre surveillant et puis aussi celui de ses proches, de ses voisins. À certains endroits les lignes téléphoniques des flics sont saturées tellement des gens appellent pour dénoncer ! On peut se demander ce que les gens qui balancent se mettent en tête pour justifier leurs actes ? Les personnes qui deviennent des keufs pourraient bien en subir les conséquences…
On est qu’au début du confinement, les libertés vont être de plus en plus restreintes, ça va vite mais les mesures sont prises au fur et à mesure, une bonne technique pour que ça soit plus accepté. Et au-delà de la question de la propagation du virus, interdire les balades en forêt ou au bord de l’eau, les couvre-feux… en réalité c’est uniquement du maintien de l’ordre.
Et même si le confinement dégage du temps à celles et ceux qui d’habitude en ont peu, à cause du travail, même si on peut voir des animaux revenir dans des zones désertées depuis longtemps, même si la pollution a largement baissé ces dernières semaines… Est-ce que au lieu de glorifier le confinement obligatoire on pourrait pas plutôt se demander comment faire pour vivre dans un monde un peu moins horrible ?
Oui ce virus il est flippant, ça fait pas envie de le chopper, surtout les formes les plus avancées. Les hôpitaux risquent effectivement d’être débordés et on sait que la médecine privilégie la vie des personnes plus jeunes, valides et donc productives pour la société capitaliste. C’est assez ironique que ce soit ce même état qui a défoncé le service de la santé qui vienne maintenant nous demander de prendre en charge le manque de lits en hôpital en nous responsabilisant individuellement. Qu’ils se prétendent « sociaux » ou pas : crèvent tous les états !
Avec ce confinement, l’état impose une ligne de conduite unique pour des dizaines de millions de personnes. Tout est fait pour nous déposséder de notre capacité à réfléchir par nous même, de connaître comment fonctionnent nos corps et comment en prendre soin. Mais on a quand même assez de bon sens pour se demander comment faire face à des virus, éviter de les propager, en parler entre nous, respecter nos choix, prendre soin les un-e-s des autres.
Bien sûr les conséquences du virus sont plus grave pour certaines personnes que pour d’autres et c’est important de le prendre en compte. Mais faire une seule catégorie qui serait « les personnes fragiles », qu’il faudrait protéger pas dessus tout, c’est complètement condescendant. Il y a des personnes qui préfèrent prendre le risque de mourir plutôt que de ne plus voir/toucher personne. L’état et la médecine médecine, comme toujours, nous empêchent de vivre et mourir comme on le choisit.
Ceux qui répriment les mutineries en taule et préfèrent laisser entassé-e-s dans des cellules des dizaines de milliers de personnes n’ont RIEN à nous apprendre en terme de solidarité.
La crise vient réaffirmer ce qui est considéré comme base de la société : la maison, la famille et le couple (cishétérosexuel surtout ! Cishétérosexuel : Qui se reconnaît dans le genre qu’on lui a assigné à la naissance et qui est hétéro). Mais nos affections et nos solidarités ne veulent pas se limiter à ces modèles étroits. Plein de pratiques de résistance autonomes existent. Faire exister et diffuser la critique, refuser le confinement généralisé obligatoire, s’attaquer à la société de contrôle et de surveillance, s’organiser pour contourner les contrôles, se filer des coups de mains... En parallèle, dans les taules et autres lieux d’enfermement, de nombreuses mutineries éclatent.
C’est clair : il n’y aura pas de retour à la normale. Cette normalité déjà bien gerbante risque de s’empirer. Il pourrait être imposé un « effort national » pour reconstruire le pays après la crise, de nouveau un bon argument pour les coupes budgétaires, l’installation sur le long terme d’outils technologiques, sécuritaires, la fermeture encore plus forte des frontières, de l’ultra hygiénisme…
On est au cœur d’une crise mais c’est probable qu’il y en aura d’autres. Où d’autres peurs amèneront à d’autres formes de contrôles et de privation de libertés. Ils sont en train de tester des modes de surveillance et de gestion de population à une échelle mondiale. Le fait que les mesures soient si bien acceptées cette fois-ci pourra en faire un précédent, une assurance qu’en cas de besoin il est possible de contrôler et d’imposer une seule marche à suivre à des milliards d’humain. On nous habitue à un monde géré militairement. Quand la menace c’est la mort tout est légitimé pour préserver la vie. Mais jusqu’à quel point ? Ce monde était déjà inacceptable, mais elle est où la limite ?
Pour que la vie ne se résume pas à de la survie, auto-organisons nous contre le virus et rejetons l’autorité !