Barcelone (Espagne) – Briser solidairement le confinement

Traduit du catalan de Indymedia Barcelone, 03 abr 2020
Nous avons fait des tags devant Wad Ras pour saluer les prisonnières qui restent enfermées dans cette prison. Wad Ras est une prison où sous prétexte du Coronavirus des mesures restrictives ont été prises contre les détenues, mais pas les mesures sanitaires suffisantes pour prévenir les contagions des matons envers les prisonnier-e-s. La situation à l’intérieur est encore plus dure. Comme dans le reste des prisons de l’État.

Nous avions envie de les saluer. Pour donner du courage à celles qui sont à l’intérieur.

Et parce qu’il semblait impossible de faire des tags devant une prison dans cette situation où il est obligatoire de se confiner et illégal de sortir dans la rue. Cette situation où la présence policière dans les rues est parfois asphyxiante et renforcée par les gens qui dénoncent de leurs balcons les comportements en dehors de la légalité imposée par le gouvernement.

Il semble impossible de faire des choses interdites, mais cela ne l’est pas. Et de le faire sans qu’il ne se passe rien, et cela nous permet de briser le globe asphyxiant qui nous enserre la tête durant ces jours.

Nous prenons au sérieux cette alerte médicale. Comme la souffrance qu’elle génère chez beaucoup de gens (subissant la maladie ou pas). Nous sortons en prenant des précautions, mais nous sortons. De la même manière que sortent tant d’autres personnes pour se donner un coup de main les unes les autres, pour travailler, parce qu’elles n’en peuvent plus de rester à la maison ou parce qu’elles en ont besoin. Éviter la contagion est important, mais affronter ensemble la misère et la souffrance que génèrent le capitalisme, le patriarcat et le racisme dans cette situation, aussi.

Vous nous avez montré quoi faire, que les envies de révolte se propagent et pas le coronavirus !!*
Salut!!

* Ndt: La prison de Wad Ras a connu des tensions, notamment suite à la suppression des parloirs, deux prisonnières considérées comme “meneuses” ont été transférées sans préavis.

 

Barcelone (Espagne) : briser solidairement le confinement

Baugé-en-Anjou (Maine-et-Loire) – Les confineurs en perdent leurs moyens

Baugé : Un véhicule de la police municipale incendié par des contrevenants en raison des mesures de confinement
un site policier, 4 avril 2020

Les faits se sont déroulés dans la nuit du 1er avril, à Baugé-en-Anjou dans le Maine-et-Loire. Les gendarmes de la communauté de brigades de Noyant, Vernantes et Baugé se sont fait accompagner par ceux du peloton de surveillance et d’intervention (Psig) de Saumur pour mettre fin à des nuisances à Baugé.

Des jeunes à Scooter pratiquaient du rodéo sauvage alors que le pays est en plein confinement. Ils ont été verbalisé pour ce rodéo, pour outrages et pour le non-respect du confinement. Alors que l’affaire aurait dû s’arrêter là, dans la nuit, un véhicule de la police municipale à subitement pris feu.

L’enquête a été rapide, grâce à la vidéosurveillance. Elle a permis d’identifier les deux hommes verbalisés quelques heures avant. Ils seront interpellés et jugés en comparution immédiate à Saumur.

L’un âgé de 34 ans a été condamné à deux ans de prison dont un ferme, ainsi qu’une amende de 1.200 euros pour non-respect du confinement en réitération. Son partenaire âgé d’une trentaine d’années a été condamné à un an de prison dont quatre mois fermes et 1.000 euros d’amende pour les mêmes raisons.

Baugé-en-Anjou. Deux ans de prison dont un avec sursis pour l’auteur de l’incendie de la voiture
Le Courrier de l’Ouest, 3 avril 2020 (extrait)

La période de confinement n’est pas sans provoquer des tensions. Dans la nuit de mercredi à jeudi, c’est un véhicule qui a pris feu place de l’Europe à Baugé. Il s’agit de la voiture du policier municipal.

Les raisons demeurent obscures même si les auteurs de l’incendie ont été interpellés et sont passés rapidement devant le juge. La procédure de comparution immédiate a fonctionné aussitôt après leur garde à vue. Ce sont deux individus qui ont commis les faits mercredi vers 22 h 30. Un sapeur-pompier a repéré l’incendie et appelé aussitôt le SDIS. À 22 h 55, le maire était sur place et en même temps arrivaient les gendarmes.

« À 23 h 15 on visionnait les images des caméras de surveillance sur réquisition de la gendarmerie ; jeudi matin, les auteurs des faits étaient interpellés (…) » souligne Philippe Chalopin, le maire de Baugé-en-Anjou. « Les deux personnes sont passées en jugement ce vendredi après-midi, l’auteur majeur des faits a obtenu une peine de deux ans de prison dont un an avec sursis. J’attends maintenant la position du Parquet qui avait demandé plus : six ans pour l’un, quatre ans pour l’autre. En tout cas, il y a déjà une peine importante« .(…)

 

https://demesure.noblogs.org/archives/781

Grenoble (Isère) – Pas de routine pour les confineurs

Tir de mortier, voiture de police percutée : nuit très agitée pour la police grenobloise
France Bleu, 5 avril 2020

Les policiers nationaux de Grenoble auraient préféré une soirée de routine, sans faits marquants à gérer. Hier soir, c’est tout le contraire qui s’est déroulé à Grenoble. Appelés pour des jets de pétards et des arbres en feu au parc Jean Verlhac, ils ont été ciblés par un tir de mortier à leur arrivée. Plus tard, un homme a refusé d’obtempérer lors d’un contrôle et a percuté le véhicule des policiers.

Les policiers sont appelés en début de soirée, vers 21h30, pour des jets de gros pétards et des arbres incendiés dans le parc Jean Verlhac à Grenoble. A l’arrivée des fonctionnaires de police sur place, ils sont rapidement la cible d’un tir de mortier, qui ne fera aucun blessé, à plus de 50m de distance.(…)

Plus tard dans la soirée, aux alentours de 22h30, une équipe de police va pour contrôler un homme de 32 ans en voiture sur le cour Jean-Jaurès. L’individu refuse et fonce en direction du véhicule des policiers, à l’arrêt au moment des faits. L’avant de la voiture est totalement enfoncé et il n’y a aucun blessé.

Il est rapidement interpellé, puis placé en garde à vue pour dégradation volontaire de bien public, défaut de permis de conduire et refus d’obtempérer.

Grenoble (Isère) : pas de routine pour les confineurs

Gênes (Italie) – Solidarité avec les détenus de la prison de Marassi

On dit que l’on peut mesurer l’état de santé d’une démocratie en regardant l’état de santé de ses prisons. On peut donc dire que le patient Italie est dans un coma profond. Rien que dans l’année 2019, 143 personnes y sont mortes, dont 53 suicidées, et depuis le début de l’année 2020 on est déjà à 41 morts, dont 13 suicides. Vivement la réinsertion des détenus !

Nous ne pensons pas du tout que les prisons sont des lieux de réinsertion et de réhabilitation, à notre avis des structures de ce type doivent être détruites. Une mort en prison, quelle que soit sa raison, est toujours à mettre sur le compte de la situation d’enfermement, de ceux qui établissent et gèrent de tels enfers de béton : l’État ! Les protestations des détenus, début mars, nous ont donné du courage et de la force, on a donc pensé qu’il fallait leur faire savoir que, dehors, il y a des personnes qui les soutiennent, avec des petits gestes de solidarité. A plusieurs reprises, au début du mois, nous sommes allés devant les sordides murs de la prison de Marassi pour leur faire entendre notre complicité, à l’aide de pétards, fumigènes et en accrochant des banderoles.

Pendant que les détenus étaient à la promenade, on a lancé des balles de tennis au delà des murs, avec un texte d’information, en solidarité avec les prisonniers en lutte et des novelles sur ce qui se passe dans les prisons italiennes.

Les premières fois, la réponse a toujours été immédiate et chaleureuse, avec le temps elle s’est affaiblie, probablement aussi à cause de la pression mise par le système-prison. On a pensé que les conséquences pénales pour nous n’étaient pas un moyen de dissuasion assez fort pour éteindre notre désir d’être à côté des prisonniers qui luttent en ce moment.

Notre amour pour la liberté est plus fort que toute autorité !
Feu aux prisons !
Liberté pour tous !

 

Gênes (Italie) : Solidarité avec les détenus de la prison de Marassi

Plus que jamais, pour l’action directe

Ce texte a pour but de défendre la stratégie de l’action directe comme mode d’action à privilégier par les temps qui courent.

Le contexte répressif, s’aggravant de jours en jours, et les effrayantes dynamiques autoritaires qui se mettent en place, qui s’accélèrent et se consolident actuellement, doivent nous pousser à remettre en question nos manières d’agir.

Un constat, partagé par beaucoup, émerge depuis plusieurs mois: ni la manifestation ni l’émeute ne permettent aujourd’hui une véritable progression de nos idées, de nos revendications et de notre force collective. La manifestation, bien qu’enjolivée par la possibilité du black bloc et du cortège de tête, reste une expérience davantage existentielle que politique. Les victoires que nous y obtenons se limitent à faire reculer des flics ou détruire quelques biens, faire irruption un court instant là où on est indésirables. C’est une petite victoire, c’est vrai, celle de l’instant. Et ça fait du bien, c’est vrai, c’est un moment revendicatif fort. Mais à la fin de la journée, c’est toujours l’État qui gagne.

Nous rêvons d’insurrection, mais en plus d’une année d’émeutes, avec le mouvement des Gilets Jaunes, nous ne sommes pas parvenu-e-s une seule fois à faire durer l’émeute plus d’une journée, ni à la transformer en situation insurrectionnelle.
Et à quel prix? Le renforcement continuel de l’appareil répressif est devenu tel que manifester aujourd’hui relève du calvaire, si bien qu’on assiste à une véritable démobilisation au niveau des manifestations.
L’émeute et la casse, bien qu’essentielles, nous font le plus souvent sombrer dans la représentation et deviennent finalement stériles collectivement, car elles sont devenus routinières.
Il ne s’agit pas de dire n’allons plus en manif’ ou n’émeutons plus. Il s’agit de dire: adaptons-nous quand la stratégie ne paye plus et soyons capables de sortir de nos habitudes, de faire autre chose, de combiner des modes d’actions.
Continuer tel que nous le faisons, c’est perpétuer le cycle néfaste que nous vivons actuellement et dont nous peinons à nous sortir.

Dans le rapport de force qui nous oppose à l’État, reprenons l’initiative, et multiplions les offensives.

Si le mouvement des Gilets Jaunes a bien prouvé une chose, c’est que quand l’État tremble, il peut reculer. En Décembre 2018, l’émeute avait un sens. Elle était inattendue et spontanée, d’où sa force. Aujourd’hui, elle est attendue et donc contenue. Il faut trouver d’autres moyens.

On peut faire trembler les puissants autrement, par une action concrète sur le réel.
L’action directe permet cela. Elle est tout d’abord action physique sur du réel, elle impacte réellement, matériellement, l’état des choses. Contrairement à nos affiches, à nos tracts, à nos articles, à nos médias militants, l’action directe a un impact dans le quotidien «des gens», et ne touche pas que des «militant-e-s». Elle dépasse nos cercles habituels. De ce fait elle est pleinement politique.
Par ailleurs, elle permet de construire des dynamiques positives: une action réussie, c’est une victoire qu’on ne pourra pas nous retirer, ce qui est fait est fait. C’est un acquis. Construire des dynamiques positives, se sentir agissant sur le réel, c’est aussi créer des manières d’agir durables, car tenables psychologiquement. C’est tout le contraire des manifestations actuelles qui nous épuisent, car nous savons qu’elles sont stériles, en plus d’être devenues ultra dangereuses. L’action directe motive, car elle est une activité créative, une invention de tous les instants, et donne le sentiment de reprendre les choses en main.

A un niveau organisationnel, elle est peut-être le mode d’action offensif le plus simple à mettre en œuvre, et paradoxalement, peut-être le plus sûr. Pour réaliser un sabotage efficace, pas besoin d’être en nombre important, ni d’avoir une expérience particulière. L’action directe est à la portée de tous et toutes. Et très peu sont celles et ceux qui se font choper en réalité, car pratiquer l’action directe, c’est avoir l’initiative de l’action, c’est donc avoir un coup d’avance sur les forces répressives, pouvoir prévoir et anticiper, pouvoir se préparer. Il faut aussi absolument faire disparaître cette croyance répandue selon laquelle l’action directe est réservée aux militant-e-s aguerri-e-s, aux expert-e-s, à l’«avant-garde» du mouvement. Elle est à portée de n’importe qui, il faut l’affirmer.
Et faire une manif sauvage aujourd’hui implique plus de savoirs-faire et de risques qu’une action directe illégale.

Stratégiquement enfin, l’action directe est plus qu’intéressante. Elle permet d’attaquer concrètement nos ennemis, que ce soit le patriarcat, le capitalisme, le spécisme ou l’État. Elle permet d’infliger des dégâts réels, et de construire un rapport de force, notamment quand plusieurs actions ciblent les mêmes objectifs. Pour être efficace, l’action directe doit être répétée et permanente, c’est notre difficulté actuelle. Bien que presque tous les jours des actions de ce type soient menées, la stratégie de l’action directe peine à gagner du terrain et à s’étendre. Pourtant quand de véritables campagnes d’actions se lancent, et que des ennemis sont touchés à plusieurs reprises, nous reprenons le contrôle. C’est nous qui avons l’initiative et qui à partir de là pouvons faire craquer nos adversaires.
On peut prendre comme exemple la vague d’attaques de magasins spécistes qui a eu pour mérite de créer un véritable débat à l’échelle nationale autour de la question de l’exploitation animale. Quelques attaques de nuit qui ont eu plus d’impact que des années d’actions pacifistes ou de manifestations sur le sujet. On pourrait citer également la campagne d’attaques antifascistes visant le Bastion Social, et qui, engendrant la destruction de locaux ennemis, a provoqué un affaiblissement considérable du groupuscule fasciste, aujourd’hui démantelé. On peut évoquer l’importante campagne d’actions directes de soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qui a forcément pesé dans la décisions du gouvernement d’annuler le projet d’aéroport. Les exemples sont multiples, et les manières de faire diverses. Mais toujours, quand des actions directes sont coordonnées, ou simplement ciblent les mêmes objectifs, il y a des résultats probants, et un gain de temps et d’énergie énorme.

Surtout, au vu du contexte actuel encore une fois, il paraît urgent d’assumer une radicalisation de nos moyens d’agir et de nos volontés. Face à nous, le rythme s’accélère. Contre leur radicalisation vers plus de contrôle, plus d’autoritarisme, plus d’oppressions, comprenons que nous aussi nous devons aller plus loin pour pouvoir encore résister, et ne pas être balayé-e-s. Il faut faire acte de résistance, une résistance concrète, et pas seulement symbolique.

Il nous faut donc ré-interroger nos pratiques, ne pas se reposer sur nos acquis, et être conscient-e-s que nous sommes en train de perdre. Pratiquer l’action directe massivement, c’est développer un mode d’action qui peut nous faire reprendre l’avantage dans la guerre sociale actuelle, ou qui au moins, permet de créer des dynamiques positives et offensives, ce dont nous avons cruellement besoin.

Plus que jamais, pour l’action directe

You’ll never riot alone

Une autre pandémie est aujourd’hui en cours sur toute la planète. L’OMS ne s’en occupe pas le moins du monde, ce n’est pas de sa compétence, et les médias tentent de la passer sous silence ou de la minimiser. Mais les gouvernements du monde entier sont préoccupés par le risque qu’elle implique. Cette pandémie est en train de se diffuser dans le sillage du virus biologique qui remplit aujourd’hui les hôpitaux. Elle se répand là où passe le Covid-19, en somme. Elle coupe également le souffle. La peur de la contagion est en effet en train de provoquer la contagion de la rage. Les premiers symptômes de malaise ont tendance à s’aggraver, se transformant d’abord en frustration, puis en désespoir, et enfin en rage. Une rage suite à la disparition, sur décret sanitaire, des dernières miettes de survie qui restaient.

Il est significatif que suite à l’annonce des mesures restrictives prises par l’autorité pour empêcher la propagation de l’épidémie, une sorte d’assignation à résidence volontaire, ce soient justement les personnes qui affrontent déjà quotidiennement la réclusion derrière quatre murs, qui aient mis le feu aux poudres. Le fait d’être privés du peu de contacts humains qui leur restait, qui plus est avec le risque de mourir comme des rats en cage, a déclenché ce qui n’arrivait pas depuis des années. La transformation immédiate de la résignation en fureur.

Tout a commencé dans le pays occidental le plus touché par le virus, l’Italie, où des émeutes ont éclaté le 9 mars dernier dans une trentaine de prisons juste après la suspension des parloirs avec les proches. Au cours des désordres, douze prisonniers sont morts – presque tous « par overdose », selon les infâmes infos ministérielles – et de nombreux autres ont été massacrés. A Foggia, 77 prisonniers ont réussi à profiter de l’occasion pour s’évader (même si malheureusement pour beaucoup d’entre eux, la liberté n’a que trop peu duré). Une telle nouvelle ne pouvait que faire le tour du monde et qui sait si elle n’a pas inspiré les protestations qui, à partir de ce moment-là, se sont diffusées parmi les enterrés-vivants des quatre continents : battages contre les barreaux, grèves de la faim, refus de rentrer en cellule après la promenade… mais pas seulement.

Au Moyen-Orient, le matin du 16 mars, les équipes anti-émeute font irruption dans deux des plus grandes prisons du Liban, à Roumieh et Zahle, pour ramener le calme ; plusieurs témoins parlent de barreaux démontés, de colonnes de fumée, de prisonniers blessés. En Amérique Latine, le 18 mars, une évasion de masse a eu lieu dans la prison de San Carlos (Zulia) au Venezuela, au cours d’une émeute déclenchée là aussi suite à l’annonce des mesures restrictives : 84 prisonniers réussissent à s’évader, 10 sont abattus au cours de la tentative. Le jour d’après, 19 mars, plusieurs prisonniers de la taule de Santiago, au Chili, tentent la fuite. Après avoir pris le contrôle de leur aile, mis le feu au poste de garde, et ouvert les grilles du couloir, ils s’affrontent avec les matons. La tentative d’évasion échoue et est durement réprimée. En Afrique le 20 mars, se produit une nouvelle tentative d’évasion de masse dans la prison Amsinéné de N’Djamena, capitale du Tchad. Encore en Amérique Latine, le 22 mars ce sont les détenus de la prison La Modelo de Bogotà, en Colombie, qui se soulèvent. C’est un massacre : 23 morts et 83 blessés parmi les prisonniers. De nouveau en Europe, le 23 mars, c’est une section de la prison écossaise de Addiewell qui finit aux mains des révoltés et est dévastée. Aux États-Unis, ce même jour, 9 prisonnières s’évadent de la prison pour femmes de Pierre (Dakota du Sud) le jour même où une d’entre elles avait été testée positive au Covid-19 (quatre d’entre elles seront capturées les jours suivants). Toujours le 23 mars, 14 détenus s’évadent d’une prison du comté de Yakima (Washington DC) peu après l’annonce du gouverneur sur l’obligation de rester confiner à la maison. Encore en Asie, la libération « provisoire » de 85 000 prisonniers de droit commun en Iran ne réussit pas à étouffer la rage qui couve dans de nombreuses prisons : le 27 mars, 80 détenus s’évadent de la prison de Saqqez, dans le Kurdistan iranien. Deux jours plus tard, le 29 mars, une autre révolte éclate en Thaïlande dans la prison de Burinam, au nord-est du pays, où plusieurs détenus réussissent à s’échapper. Mais il n’y a pas que les prisons, puisque même les centres où sont enfermés les immigrés sans-papiers s’agitent, comme le démontrent les désordres qui ont éclaté au centre de rétention de Gradisca d’Isonzo, en Italie, le 29 mars. Mais si les prisons à ciel fermé surpeuplées de damnés de la Terre semblent aujourd’hui plus que jamais des bombes à retardement qui explosent petit-à-petit, que dire des prisons à ciel ouvert ? Combien de temps encore la peur de la maladie aura-t-elle le dessus sur la peur de la faim, paralysant les muscles et blessant les esprits ? En Amérique Latine, le 23 mars, 70 personnes prennent d’assaut une grande pharmacie à Tecámac au Mexique ; deux jours plus tard, c’est un supermarché de Oaxaca qui est pillé par une trentaine de personnes. Le même jour, 25 mars, de l’autre côté de l’Océan Atlantique, en Afrique, la police doit disperser à coup de lacrymogènes la foule présente sur le marché de Kisumu, au Kenya. Aux policiers qui les exhortaient de s’enfermer chez eux, les vendeurs et les clients ont répondu : « nous connaissons le risque du Coronavirus, mais nous sommes pauvres ; nous avons besoin de travailler et de manger ». Le lendemain, 26 mars, la police italienne a commencé à stationner devant plusieurs supermarchés de Palerme, après qu’un groupe de personnes a tenté de sortir avec des chariots remplis sans s’arrêter aux caisses dans l’un d’entre eux.

On ne peut pas dire que la mise en résidence surveillée imposée à des centaines de millions de personnes ait complètement stoppée la détermination de ceux qui ont l’intention de saboter ce monde mortifère. La nuit du 18 au 19 mars à Vauclin, sur l’île de la Martinique, un local technique de la compagnie de téléphone Orange est incendié, coupant les lignes à quelques milliers d’usagers. En Allemagne également, où les mesures de confinement ont été décrétées le 16 mars, les attaques nocturnes continuent imperturbablement. Le 18 mars, tandis qu’à Berlin ce sont plusieurs véhicules des concessionnaires Toyota et Mercedes qui partent en fumée, à Cologne ce sont les vitres de la société immobilière Vonovia qui sont brisées. A l’aube du 19 mars, c’est une agence bancaire qui est attaquée à Hambourg, tandis qu’à Berlin c’est le véhicule d’une entreprise de sécurité qui est incendié. La nuit du 19 au 20 mars, la voiture d’un militaire réserviste de Nuremberg est livrée aux flammes pour protester contre la militarisation croissante, à Werder ce sont trois yachts qui sont incendiés, et Berlin perd une autre automobile de sécurité. La nuit du 20 au 21 mars à Leipzig est également incendiée la énième voiture d’une entreprise liée aux technologies de sécurité. Cette même nuit, aussi bien en Allemagne qu’en France certains ont tenté d’arracher l’épine de l’aliénation. La tentative échoue à Paderborn, où les pompiers allemands sauvent de justesse une antenne de téléphonie mobile sur le point de partir en flammes. La chance n’a pas non plus souri aux auteurs de la dégradation de plusieurs câble de fibre optique de Bram, en France. Une partie du village restera sans internet et sans téléphone pendant plusieurs jours, mais les responsables seront arrêtés à cause de la dénonciation de plusieurs témoins. La nuit suivante, celle du 22 mars, la voiture d’un douanier est réduite en cendres près de Hambourg. Ceux qui ont accompli cette action diffuseront un texte où l’on peut lire : « C’est justement dans cette période de pandémie qui s’accompagne de resserrement et de restriction du mouvement de liberté, qu’il est d’autant plus important de préserver sa capacité d’action et de se montrer à soi-même, ainsi qu’à d’autres subversifs, que la lutte contre les contraintes de cette époque continue, même si elle semble folle et difficile. Si on capitule face au souhait de l’État de nous isoler, qu’on se contente d’un haussement d’épaule face à la menace de couvre-feu, on lui donne la possibilité de continuer ses machinations…». Il s’agit d’une pensée qui enflamment les esprits à travers toute la planète, aussi vrai que cette même nuit du 22 au 23 mars c’est l’aéroport international de la Tontouta, en Nouvelle -Calédonie, qui a été pris pour cible (vitrines brisées et véhicules de la douane vandalisés) par ceux qu n’ont évidemment pas d’accord avec les paroles du président du Sénat traditionnel, selon lequel « La violence ne remplace pas le dialogue. Les décisions prises dans l’urgence par les autorités publiques sans explications immédiates ne doivent pas inciter a la violence. »

Mais le fait qui plus que n’importe quel autre pourrait laisser une marque profonde, comme des braises couvant sous des couches de totalitarisme et desquelles pourraient naître des étincelles, est l’émeute qui a éclaté le 27 mars à côté de Wuhan, épicentre de la pandémie actuelle, à cheval entre les Provinces du Hubei et de Jiangxi (la seule qui soit parvenue jusqu’à nous). Des milliers de Chinois à peine sortis d’une quarantaine qui a duré deux mois ont exprimé leurs remerciements et toute leur gratitude pour les mesures restrictives imposées par le gouvernement en attaquant la police qui tentait de bloquer le passage sur le pont du fleuve Yangtsé.

De ce côté du continent, le monde tel que nous l’avons toujours connu vacille depuis un mois. Rien n’est plus comme avant et, comme beaucoup le disent tout en étant d’opinions variées, rien ne sera plus comme avant. Ce qui a remis en cause sa reproduction tranquille n’a de fait pas été l’insurrection, mais bien une catastrophe. Qu’elle soit réelle ou seulement ressentie, ne fait aucune différence. Aucun doute que les gouvernements feront tout pour profiter de cette situation et éliminer toute liberté restante, qui aille au-delà du fait de choisir quelle marchandise consommer. Aucun doute non plus qu’ils ont toutes les cartes techniques en mains pour clore la partie, et imposer un ordre social sans bavures. Ceci dit, on sait que même les mécanismes les plus solides et les plus précis peuvent partie à vau-l’eau pour un rien. Leur calcul des risques estimés, et acceptés, pourrait s’avérer erroné. Dramatiquement erroné et, pour une fois, surtout pour eux. C’est à chacun de nous de faire en sorte que cela arrive.

Traduit de l’italien de Finimondo, 30/03/20

Bourges/Maubeuge/Cherbourg – Les drones de la PJ à l’assaut des quartiers

La police de Bourges a recours à un drone pour vérifier le respect des règles de confinement
Le Berry Républicain, 2 avril 2020 (extrait)

Pour contrôler l’application des dispositions relatives au confinement contre la propagation du coronavirus et sanctionner des relâchements éventuels, la police a fait appel ce jeudi, dans les quartiers nord de Bourges, à l’assistance d’un drone. Sa mission : survoler des zones difficiles d’accès pour y guider des policiers déployés au sol, en toute sécurité.
« C’est une opération d’appui technique à une mission de surveillance d’endroits peu accessibles, explique Brigitte Siffert, directrice départementale de la sécurité publique (DDSP) du Cher, patronne des policiers nationaux. Dans ces quartiers (ici les Gibjoncs, mais aussi Turly, La Chancellerie ou le Moulon, NDLR), des riverains nous signalent des attroupements, des rassemblements, parfois autour de barbecues. Encore tout à l’heure en début d’après-midi : cinq personnes impasse Arthur-Rimbaud… Ce sont des infractions, des manquements graves aux dispositions sur le confinement. C’est ainsi que le coronavirus se propage. » Le drone prend donc l’air pour repérer les contrevenants et mener jusqu’à eux les policiers déployés au sol. Et c’est une grande première dans le ciel berruyer, d’un bleu estival jeudi après-midi.



Maubeuge: la police fait voler son drone pour mettre fin aux rassemblements dans les quartiers

La Voix du Nord, 2 avril 2020

C’est avec un drone que les policiers de Maubeuge ont mené une opération de contrôles mardi dans les quartiers sensibles de la ville, où des groupes de jeunes se rassemblent tous les jours au mépris des règles du confinement. L’engin volant a permis de les disperser.

Imaginez un drone qui prend la parole… Une hallucination ? Non, c’est bien la scène qu’ont vécue certains habitants des Écrivains, de Sous-le-Bois, du lac du Paradis ou des Présidents mardi. L’appareil était équipé d’un haut-parleur répétant en boucle les messages de prévention ou de confinement dans le cadre du Covid-19. Un engin emprunté à la police judiciaire de Lille pour une opération de contrôles inédite.


Cherbourg : deux drones déployés pour faire respecter le confinement
La Presse de la Manche, 1er avril 2020

Ce n’était pas un poisson d’avril. Ce mercredi 1er avril 2020, les services de police de Cherbourg ont reçu le soutien logistique de la PJ de Rennes pour rappeler à l’ordre les éventuels flâneurs qui tenteraient d’échapper aux contrôles en cette période de confinement.

Après un temps de calibrage, les deux drones équipés de caméras HD ont été déployés dans un premier temps au niveau de la plage verte, puis à Collignon avant une série de passages le long de la Saline pour s’assurer que les chemins n’étaient pas fréquentés. Les équipements ont une portée de 5 kilomètres sans obstacles. Il peuvent monter jusqu’à 6 000 mètres en altitude mais pour surveiller une plage, pas nécessaire de monter aussi haut.

Un des trois opérateurs formés à l’utilisation de cet outil évoque les nombreuses possibilités offertes : « Un de nos drones peut être équipé d’un haut-parleur pour diffuser les messages de prévention ou d’une caméra infrarouge pour des opérations nocturnes. »

Les caméras embarquées offrent une qualité d’images époustouflante pour les opérateurs qui sont capables de zoomer dans des endroits parfois inaccessibles. À terre, des policiers en civils ou en tenue sont dirigés par les télépilotes via une liaison radio. Ils contrôlent et verbalisent si besoin. La présence de drones sur Cherbourg surprend, notamment les promeneurs : « Je promenais mon chien sur la plage verte quand j’ai vu le drone dans le ciel bleu. Puis quelques secondes plus tard, des policiers sont venus à ma rencontre. Je leur ai montré mon attestation. Je rentrais de toute manière. On ne les entend pas. À peine un léger bourdonnement. C’est clair que c’est dissuasif. »

Le commissaire Pascal Serrand dit vouloir renouveler l’opération : « Le dispositif se veut efficace, discret et dissuasif. C’est un équipement qui vient parfaitement compléter nos moyens de contrôles. En quelques minutes, il peut contrôler une zone plus étendue. Je ne manquerai pas de faire à nouveau appel à la PJ de Rennes qui a engagé ses moyens de surveillance, habituellement utilisés dans ses enquêtes judiciaires, pour épauler cette fois les effectifs du grand Ouest. »

Depuis le début du confinement, les policiers cherbourgeois ont réalisé 216 opérations de contrôle et verbalisé 203 contrevenants. Ce mercredi, 4 personnes démunies d’attestation de déplacement dérogatoire ont été sanctionnées.

https://demesure.noblogs.org/archives/568

Prison de Rémire-Montjoly (Guyane) – Incendies et vol des clef

[Issu du blog Attaque, à son fois de FranceInfo]

Des détenus de la prison de Rémire-Montjoly se sont soulevés ce matin [1er avril 2020]. Vers 8h30 lors de l’ouverture des cellules, un gardien a été pris à parti et ses clés lui ont été dérobées. Les détenus ont allumé un feu. Le calme est revenu après la mobilisation d’un important dispositif de sécurité.

Il y a eu jusqu’à 80 gendarmes, un escadron entier de brigadiers mobiles, les effectifs de la compagnie de Matoury,  qui se sont engouffrés dans le centre pénitentiaire juste derrière les hommes du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale. Le GIGN, c’est cette unité d’élite spécialisée dans la gestion de crise.
Il a fallu un peu plus d’une heure à ces hommes pour progresser jusqu’aux deux quartiers où se nichait la révolte… Des militaires appuyés dans leur manœuvre par un hélicoptère qui n’a cessé de décrire des arcs de cercle au-dessus des barbelés.

Durant cette heure qu’aura duré l’opération, rien n’a filtré, si ce n’est le bruissement des pales, les hoquets des camions d’intervention et les cris angoissés de détenus qui parvenaient jusqu’aux oreilles du personnel rassemblé à l’extérieur.
Il a fallu attendre le bilan dressé par les autorités, et il est plutôt positif. Il y a bien eu des dégradations matérielles, causées par l’incendie notamment, mais aucun blessé.
Le gardien molesté, après avoir été un temps enfermé par les prisonniers, reste néanmoins sous le choc. Il a été conduit à l’hôpital de Cayenne, son témoignage va être précieux pour déterminer les causes de cette mutinerie. […]

Baguer-Pican (Bretagne) – Pendant que le maire est confiné…

Baguer-Pican. Deux véhicules du service technique incendiés
Ouest France, 2 avril 2020

Dans la nuit de vendredi à samedi, l’atelier municipal a été visité par des personnes indélicates, qui, selon le maire, Michel Coffre, « ont profité de ces temps de confinement pour commettre leurs méfaits ». Du matériel a été volé dans l’atelier, comme deux véhicules du service technique qui ont été repérés quelques heures plus tard, mais entièrement détruits par le feu.

Le camion a été retrouvé carbonisé au niveau des Hurettes, sous le pont situé sous la RN176, la voiture sur la départementale 8, allant de La Gouesnière à Saint-Benoît-des-Ondes. « C’est non seulement du vol, mais aussi un acte de pur vandalisme, sinon quel intérêt à voler des véhicules pour les brûler quelques heures plus tard », souligne le maire. L’édile ressent beaucoup de colère, surtout en ces temps contraints et se pose cette question, « quand trouverons-nous un vaccin contre la bêtise humaine ? ». Le maire a déposé plainte à la gendarmerie, en souhaitant « que toute la lumière soit faite, et les auteurs de cet acte de malveillance retrouvés ».

https://demesure.noblogs.org/archives/556

Léon (Landes) – De la cage familiale à la cage étatique

Léon (40) : l’école des Pignons vandalisée pendant le confinement
Sud Ouest, 1er avril 2020

À Léon, certains sont sortis de leur confinement et ont profité de la fermeture de l’école pour se livrer à une série d’actes de vandalisme, découverts mardi 31 mars après-midi par la directrice de l’école des Pignons.

Après s’être introduits dans les lieux en cassant un carreau des sanitaires du centre de loisirs, le ou les individus l’ont entièrement vandalisé, tout comme ils ont « retourné » le bureau du directeur. Mais le vol ne semble pas être le mobile principal de cette expédition car peu de choses ont disparu, mis à part notamment une vingtaine de ramettes de papier et toutes les clés des bâtiments.

En revanche, le nouveau minibus de la commune, stationné à proximité et dont les clés se trouvaient dans le bâtiment, a été également emprunté… puis ramené et laissé sur place dans un piteux état (pare-brise et rétroviseur cassés, avant et arrière enfoncés).

Appelée sur les lieux, la gendarmerie a procédé aux premières constatations ainsi qu’à des relevés d’empreintes et d’ADN laissées en quantité par les auteurs du délit. L’enquête est ouverte, une plainte ayant été déposée par le maire de Léon, Jean Mora : « La commune est assurée, mais cela va bien au-delà. C’est un acte de vandalisme gratuit et décourageant à bien des égards », a-t-il déclaré, « partagé entre stupeur et indignation face à de tels agissements, d’autant plus durant cette période de crise où il est fait appel au civisme de chacun »

https://demesure.noblogs.org/archives/559