Plaintel (Côtes-d’Armor) – Nouvel incendie d’antenne-relais

Dans la nuit du dimanche 26 au lundi 27 avril 2020, une antenne-relais de l’opérateur ‘Orange’ a été incendiée à Plaintel, dans les Côtes-d’Armor. Entre 1000 et 2000 lignes de téléphone portable ont été coupées dans les environs. 

A un peu plus d’une dizaine de kilomètres au sud de Saint-Brieuc, le pylône téléphonique de l’opérateur Orange érigé aux abords d’une départementale a été en partie détruit par un incendie volontaire aux alentours de 23h15 dimanche : le grillage protégeant le pylône de 29 mètres de haut a été sectionné et le feu aurait été mis à l’aide d’un amas de palettes et « avec un accélérant », selon le procureur Bertrand Leclerc.

La destruction de l’antenne-relais perturbe fortement le réseau mobile pour 1 000 à 2 000 habitant-e-s à Plaintel et à Quintin.
L’enquête a été confiée à la gendarmerie de Rennes.

Durant le confinement, au moins 4 autres antennes-relais ont été incendiées en avril dans d’autres régions: deux pylônes le 10 à Salins-les-Bains et une autre le 15 à Foncine-le-Haut dans le Jura.
Un pylône émetteur de l’opérateur Bouygues a également été saboté à Mandres-en-Barrois (Meuse) le 3 avril. On apprend l’existence de cette attaque dans un long article de propagande policière au sujet de « l’ultra–gauche » (édition du 16/04/20 de l’hebomadaire réactionnaire ‘Valeurs Actuelles’).

Plaintel (Côtes-d’Armor) : Nouvel incendie d’antenne-relais – 26 avril 2020

Liban – Vers une contagion de la révolte?

Ce mardi 29 avril, les émeutes se sont poursuivies pour la deuxième journée consécutive à Tripoli. A l’aube, l’annonce de la mort d’un manifestant, Fawaz Fouad Samman, tué par balles la veille lors d’affrontement avec l’armée, a attisé les feux de la révolte dans plusieurs villes, notamment au sud du pays, comme à Beyrouth et à Saïda. 

A Tripoli, deuxième ville du pays, plusieurs milliers de personnes se sont retrouvées place al-Nour, sous le slogan « Ça va être dévastateur », allusion faite à la nature de la manifestation: des centaines de jeunes ont barricadé les axes routiers, saccagé et incendié une demi-douzaine de banques (notamment celle de la Banque Libano-Française), arraché les pavés des trottoirs pour les lancer sur les militaires et incendié deux véhicules militaires. Ils ont été dispersés à coups de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc. Les militaires se sont également lancés à la poursuite d’individus ayant vandalisé plusieurs véhicules de l’armée. Les désordres se sont produits juste après les funérailles du jeune père de famille, organisées en début d’après-midi au milieu d’une foule dense venue lui rendre un dernier hommage en dépit de la menace du coronavirus.

Avant que la tension ne monte sur la place al-Nour, des manifestant-e-s avaient jeté des pierres sur la résidence de l’ancien Premier ministre Nagib Mikati à Mina. L’armée et les forces de sécurité, fortement déployées, ont alors gazé en abondance pour disperser les manifestants. Des protestataires ont brisé les façades d’agences bancaires se trouvant à proximité.

« Je veux élever la voix contre la faim, la pauvreté, l’inflation et l’injustice », a lancé un manifestant de 41 ans, Khaled. Ce vendeur de pièces de rechange pour motos dit ne plus pouvoir subvenir aux besoins de ses trois enfants depuis la perte de son emploi, dans un contexte dégradé avec la pandémie.

A l’autre bout du pays, à Saïda (sud), un rassemblement s’est tenu devant le siège de la Banque du Liban (BDL), où un peu plus tard des manifestant-e-s ont lancé des pétards, puis une dizaine de cocktails Molotov en direction du bâtiment, ce qui a provoqué de petits incendies et poussé l’armée à intervenir. Avant cela, le jet de pétards avait provoqué des échauffourées avec les forces de l’ordre faisant des blessés.
Les émeutier-e-s ont détruit les façades de plusieurs agences bancaires dans la ville du sud, notamment celles de Bank Audi et Bankmed. Un soldat de l’armée libanaise a également été blessé par des jets de pierres dans le marché de Saïda.
En début de soirée, des dizaines de jeunes avaient allumé des bougies à même le sol à la mémoire du manifestant décédé à Tripoli. Ils ont scandé des slogans contre la BDL et son gouverneur Riad Salamé, ainsi que contre l’armée. « Pourquoi Fawaz est mort, ce sont les balles de l’armée qui l’ont tué », ont-il crié.

A Beyrouth, des manifestant-e-s se sont également rassemblé-e-s devant le siège de la Banque du Liban avant de marcher dans les rues de Hamra en scandant des slogans contre son directeur. Ils se sont ensuite rendus à Corniche Mazraa, Béchara Khoury, la place des Martyrs, la place Riad el-Solh avant de retourner devant le siège de la BDL contre lequel ils ont lancé des pierres. Les forces de l’ordre se sont déployées sur les lieux.

Enfin, plusieurs routes ont de nouveau été coupées à travers le pays : celles de Kfarzabad et Rachaya, Masnaa dans la Békaa, la route de Khaldé en direction de Naamé dans le Sud, et la route Halba-Kobeyate dans le Nord.

Depuis le début du confinement, la misère frappe de plein fouet la population libanaise. Le pays connaît une hausse de l’inflation sans précédent en quelques semaines (+150%). Le ministre de l’Economie, Raoul Nehmé, a fait état d’une hausse de 55% des prix sans préciser la période correspondante.

[A partir des agences de presse libanaise et française, 28 et 29.04.20]

https://sansattendre.noblogs.org/archives/12940

Liban – La révolte est plus forte que leur confinement

Au Liban, le confinement instauré le 14 mars ravive les flammes de la révolte qui couvait depuis des mois. Dans la soirée de lundi 27 avril à Tripoli, au nord du pays, des milliers de personnes ont bravé le confinement et le couvre-feu en descendant dans les rues pour incendier de nombreuses banques et s’affronter aux milices armées de l’Etat. Au moins un véhicule militaire a été brûlé par un jet de cocktails Molotov. La répression opérée par l’armée est féroce: 40 personnes ont dû être hospitalisées, et un jeune homme de 26 ans est décédé après avoir été blessé par balle lors d’affrontements avec les militaires.

Malgré le confinement décrété dans le pays face à la pandémie de coronavirus, des hommes, des femmes et des enfants ont défilé dans les rues, aux cris de « Révolution ! Révolution ! ».
Les manifestants ont été repoussés par l’armée au moment où ils voulaient rejoindre la maison d’un parlementaire auquel ils sont hostiles. Certains ont jeté des pierres, l’armée a répliqué par des tirs en l’air pour disperser la foule dans la zone de la place al-Nour. Entre autre, un jeep de l’armée et plusieurs agences bancaires ont été incendiés par des jets de cocktails Molotov.
Le même soir, les locaux de la banque centrale à Sidon (sud) ont été visés par des pierres et des pétards, selon l’Agence nationale de l’information. C’est dans cette ville samedi soir qu’un engin explosif avait été jeté contre une banque.

Ces derniers jours, plusieurs manifestations ont eu lieu en journée, notamment avec des cortèges de voitures dans la capitale, malgré le confinement instauré le 14 mars par les autorités qui ont aussi adopté un couvre-feu nocturne.

Dans la soirée du 26 avril, plusieurs banques libanaises à Tripoli et Mina (Nord) ont été attaquées à coups de cocktails Molotov par des inconnus. Ces attaques font suite à des faits similaires à Tyr et à Saïda au Liban-Sud, au cours du week-end écoulé, alors que le Liban affronte sa pire crise économique et financière depuis 30 ans.
Pendant la nuit, un groupe de personnes s’en est pris à la façade de la banque Byblos à Mina, avant de prendre la fuite. Dans le centre-ville de Tripoli, ce sont les agences de la BLOM Bank et de la BBAC qui ont été la cible de cocktails Molotov lancés par des hommes portant des masques sanitaires.
Les Forces de sécurité intérieure se sont déployées sur les lieux, tandis que des agents de la Défense civile ont éteint un début d’incendie qui s’était déclaré devant la BBAC.

« Les politiciens détournent notre attention avec le coronavirus pour pouvoir continuer de nous voler », scandaient, le 16 avril, des manifestants, avant de se faire tabasser par les forces de l’armée.

Le Liban avait connu le 17 octobre 2019 un vaste mouvement de révolte, dont la place Al-Nour de Tripoli a été durant de longs mois le centre névralgique de la révolution du 17 octobre : certains jours des centaines de milliers de personnes descendre dans la rue à travers tout le pays, pour crier leur colère et agir en conséquence. Les banques ont régulièrement été prises pour cible, accusées par la rue de complicité avec le pouvoir politique et d’avoir contribué à l’endettement public effréné et la faillite de l’Etat. Depuis des mois, une très grave crise économique sévit au Liban, amplifiée par la pandémie de coronavirus et les mesures préventives qui en ont découlées.

Environ 45% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté, selon des estimations officielles. En 2020, l’économie devrait connaître une contraction massive de 12%, selon le Fonds monétaire international (FMI). Le Liban connaît aussi une dépréciation de sa monnaie nationale face au dollar, ayant entraîné une forte inflation.

Le Coronavirus est le dernier des soucis des Libanais qui crèvent de faim.. Le total de personnes ayant contracté le virus depuis le 21 février s’élève à 672. Et il y a eu  21 décès jusqu’à présent.

 

[Repris principalement de ‘L’Orient-Le Jour’, 28.04.2020, avec quelques ajouts à partir de Démesure]

https://sansattendre.noblogs.org/archives/12895

Munich (Allemagne) – Sabotage incendiaire des installations ferroviaires et d’internet

Reportage de Munich : Incendies des installations de la Deutsche Bahn et d’internet

Grâce à des contacts avec des employés de la Deutsche Bahn (société ferroviaire allemande), j’ai appris que la police et la presse ont minimisé deux faits à Munich. Vendredi 17 avril, des câbles ont été incendiés le long de la voie ferrée à Allach et Johanneskirchen. Ces tronçons sont utilisés pour le trafic des grandes lignes et le trafic (péri)urbain, ainsi que pour la circulation des marchandises. Sur le site en question, étaient entreposés non seulement des câbles de signalisation, mais aussi, comme c’est souvent le cas, des câbles en fibres optiques. La plupart du temps, ces câbles se trouvent sous des dalles en béton le long des voies ferrées, ceux en fibres optiques étant marqués par des ondulations. Ces incendies ont provoqué des retards pendant plusieurs jours pour la Deutsche Bahn, étant donné qu’elle a dû dévier ses trains. On ne connaît pas les conséquences sur les câbles à fibres optiques, car les médias les ont dissimulées.


Dépêche des journaflics, 17/04/20 :

Incendie sur les installations ferroviaires – Johanneskirchen
Vendredi 17.04.2020, vers 2h, des employés de la Deutsche Bahn ont remarqué un foyer d’incendie tout proche de la gare de Johnneskirchen. Ils ont informé la police fédérale en composant le numéro d’urgence.
Les employés de la DB ont pu éteindre eux-mêmes les flammes, de sorte qu’aucun dommage majeur ne survienne.
Selon les premiers éléments de l’enquête, des inconnus ont mis le feu à des conduites de câbles.
Le Kommissariat 43 (atteintes à la sûreté de l’État) s’est saisi de l’enquête.

Dépêche des journaflics, 20/04/20 :

Incendie sur les installations ferroviaires – Allach
Vendredi 17.04.2020, entre 1h et 3h du matin, une conduite de câbles de la DB a été incendiée à la gare d’Allach. Les dégâts causés par l’incendie ont été si importants que les systèmes de signalisation entre Allach et Karlsfeld sont tombés en panne et que la ligne a dû être fermée. Par la suite, cet incident a entraîné de fortes perturbations du trafic dans ce secteur.

[Traduit de l’allemand par Sans Attendre, d’un article supprimé entre-temps par indymedia,  26.04.2020]

Bielefeld (Allemagne) – Deux personnes arrêtées et perquisitionnées pour l’attaque incendiaire contre la police municipale

Dans la matinée du vendredi 24 avril 2020 à Bielefeld, la police a arrêté deux personnes « proches des milieux d’extrême-gauche », suspectées d’avoir incendié plusieurs véhicules de la police municipale une semaine auparavant. Les flics de de la comission d’enquête « Phönix », rattachés au service de l’antiterrorisme (« sûreté de l’Etat ») ont perquisitionné leurs domiciles respectifs et saisi du matériel. Après leur audition, les deux ont été laissés libre. On n’en sait pas plus pour l’instant. 

Ci-dessous la dépêche des journaflics de Radio Bielefeld, 24.04.20:

« La police a identifié deux coupables présumés une semaine après l’incendie de plusieurs voitures de la police municipale dans le parc de Ravensberg. Il s’agit de deux hommes âges de 19 et 20 ans proches de la mouvance d’extrême-gauche.
Ce matin, les agents ont perquisitionné les appartements des deux hommes et saisi des preuves. Ils ont été laissés libres, nous a déclaré une porte-parole de la police. Certains éléments indiqueraient que l’acte était dirigé contre les mesures prises par la police municipale, visant à faire appliquer l’arrêté de protection contre le coronavirus. L’incendie serait en lien avec une action d’affichage sur le même sujet dans le centre-ville. »

[Traduit de la presse allemande (Radio Bielefeld et Neue Westphälische) par Sans Attendre, 24.04.2020]

Fresnes – Feu a la prison

Un incendie s’est déclaré au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), dimanche soir, aux alentours de 23 heures. Il a été maîtrisé vers minuit. Les pompiers se trouvaient encore sur place tard dans la nuit pour s’assurer qu’il ne reprenne pas.
Le feu a éclaté à l’extérieur de la zone de détention, au niveau d’anciennes cuisines qui servent de zones de stockage depuis plusieurs années. Selon une source à l’administration pénitentiaire et le syndicat FO, il a été provoqué par des jets de projectiles inflammables lancés par des détenus depuis leurs cellules.

«Juste en dessous, il y a sur le toit des anciennes cuisines tout un tas de déchets qu’on a du mal à déblayer car c’est un endroit difficile d’accès », précise un fonctionnaire.
Le feu s’est ensuite propagé aux tôles en fibre de verre constituant le toit. Des agents pénitentiaires ont dans un premier temps essayé d’éteindre l’incendie avant d’être relayés par les pompiers.
Bien que plusieurs images relativement spectaculaires circulaient dans la soirée sur les réseaux sociaux, l’incendie, qui n’a fait aucun blessé, n’a pas nécessité d’évacuation de détenus. «Nous allons en revanche procéder à des transferts pour éloigner ceux qui ont allumé cet incendie », ajoute la source à l’administration pénitentiaire.

Le commissariat de l’Haÿ-les-Roses est saisi de l’enquête, nous a confié une source policière. Cet incendie survient dans un contexte de tension dans les prisons en raison du confinement. Des mutineries avaient du reste éclaté dans plusieurs établissements. Mais pas à Fresnes. Dans la deuxième prison d’Europe, à part la découverte d’une vingtaine de couteaux artisanaux dans une cellule au début du mois, aucun incident n’était à déplorer.

 

Prison de Fresnes : Il y a le feu !

La crise sanitaire comme outil de domestication

Ce texte a été publié le 3 avril 2020 par la Biblioteca Social Contrabando de Barcelone, un mois après que l’OMS déclarait que le COVID-19 passait d’épidémie à pandémie, et quinze jours après que le gouvernement espagnol décrétait l’état d’urgence et le confinement de la population. Alors que seules les informations des institutions gouvernementales, sanitaires et policières étaient reléguées par les médias, déconstruire le discours officiel sur la pandémie est apparu comme une nécessité : en même temps qu’était annoncée la catastrophe sanitaire pointait l’impossibilité d’énoncer toute critique. Il ne s’agit pas de mettre en doute le virus et son origine biologique – ce qui est un leurre pour dévier notre attention – mais de faire la distinction entre la pandémie et sa mise en scène, entre la menace de la contagion et son instrumentalisation par l’État pour s’assurer un contrôle social total. La crise sanitaire n’est-elle pas une aubaine pour l’État et le Capitalisme ?

Ce texte se veut une contribution au débat sur ce qui est en train de se passer. Il tente de comprendre un peu mieux ce que le récit officiel de l’épidémie nous raconte, ce qu’il nous cache, et la manière dont les institutions le mettent en pratique. Il s’agit de contribuer à la création d’une perspective critique qui puisse servir à affronter ce qui nous attend.

Ce que nous racontent les médias sur l’épidémie ressemble à une histoire d’horreur, et ce qui se passe dans le voisinage et dans les hôpitaux semble en confirmer l’authenticité. L’histoire officielle de cette épidémie dirige notre attention vers certains aspects de la réalité tout en occultant d’autres. Cette histoire paraît familière et semble simplifier trop les choses : une menace, des gentils, des méchants et la promesse d’une fin rassurante. À condition de bien suivre les directives, évidemment ! Les mesures prises par les institutions publiques vont dans le même sens que ce récit et donnent lieu à des situations graves en matière sanitaire et sociale.

Au milieu de la confusion, le récit officiel donne un visage aux agents qui interviennent dans la crise et apporte ainsi un sens concret aux événements. Il indique les voies à suivre pour la gestion sanitaire, sociale et punitive de la crise. Il convient de prêter attention à ce que disent, ce que font et ce que cachent les institutions pour mieux comprendre ce qui se passe. La forme littéraire permet aux autorités de mélanger le social avec le policier, le malade avec les institutions et le virus avec l’indiscipline. Le récit permet l’emprunt de mots et de métaphores entre des sphères différentes, ce qui facilite la gouvernance.

Un virus sauvage

Selon les médias, l’épidémie vient d’Orient, précisément d’une zone où la civilisation et le progrès cohabitent avec le primitif. Il est curieux que la plupart des récits sur les épidémies situent leurs origines loin d’Europe et des États-Unis. Ils présentent le virus comme une manifestation de la nature sauvage. On dit de lui qu’il est féroce, rusé, égoïste, destructeur… des traits à mi-chemin entre l’animal et l’humain. Curieusement, ce sont les mêmes attributs avec lesquels les Romains décrivaient les Barbares. Pour l’Empire romain, étaient barbares celles et ceux qui menaçaient la stabilité de Rome depuis l’extérieur (les peuples voisins) ou depuis l’intérieur (la plèbe rebelle et les esclaves).

Le récit officiel relie le degré de civilisation d’un endroit donné à la force des institutions chargées de la sécurité et de la santé ; un État fort serait synonyme de civilisation. Quand les médias signalent un territoire comme origine de l’épidémie, ce qu’ils annoncent c’est l’imposition dans cette zone de nouvelles mesures de contrôle sanitaire et policier, que ce soit au niveau national ou international. L’alibi le plus fréquent pour justifier la colonisation a toujours été le désir de civiliser l’autre.

Ce qui n’est pas dit, c’est que beaucoup de ces maladies apparaissent dans des territoires récemment urbanisés et industrialisés. Les processus brusques d’urbanisation et d’entassement de la population favorisent la transmission d’agents pathogènes. L’urbanisation intensive des écosystèmes naturels accule la faune dans des espaces réduits. L’industrie agroalimentaire entasse les animaux et introduit des produits chimiques, des antiviraux, des antibiotiques, etc. En général, la transformation soudaine de l’habitat humain et animal favorise l’apparition de maladies. On en a pour exemples la grippe porcine, la grippe aviaire, la maladie de la vache folle, etc. Le Capitalisme a sens cesse besoin de s’étendre et de coloniser des territoires mais il n’apparaîtra jamais comme responsable d’aucune épidémie. Il est beaucoup plus facile d’accuser un peuple lointain et étranger aux mœurs prétendument peu civilisées.

Le virus incarné

Le récit officiel nous suggère qu’en franchissant la barrière des espèces, le virus nous transforme, mais pas tous à la même enseigne. À celles et ceux qui se soumettent à la discipline sanitaire et au contrôle social, malades ou pas, on attribue le rôle de victimes. Les personnes indisciplinées, quant à elles, sont désignées comme étant complices du virus, par égoïsme ou par irresponsabilité, et deviennent des boucs émissaires. La période d’incubation du virus facilite l’apparition de la figure du porteur sain, inconscient de sa propre infection. Le récit officiel accorde beaucoup d’attention à cette figure du porteur sain, le culpabilisant, et génère ainsi une atmosphère de méfiance générale proche de la paranoïa.

Selon la version officielle, la guérison exige une soumission totale aux normes sanitaires et la réalisation d’une sorte de sacrifice. Les sacrifices du et de la malade sont l’isolement et la soumission au traitement médical (quand il a la chance d’en recevoir), pour les autres le sacrifice est le confinement. Dans la Bible, lorsque Jésus soigne un lépreux, il lui recommande d’expier ses péchés par le sacrifice pour guérir complètement. Le lien entre maladie et péché vient de loin sauf qu’aujourd’hui on ne parle plus de rédemption mais de soumission aveugle comme forme de responsabilité sociale.

Cette manière moralisatrice de présenter l’épidémie culpabilise les personnes tandis qu’elle exempt de toutes responsabilités le commerce et la gestion publique. Mais les maladies ne deviennent pas des épidémies par la faute d’une ou plusieurs personnes. Il faut pour cela un contexte favorable qui soit à la fois environnemental, social, économique, infrastructurel, etc. Affronter cela impliquerait de rentrer en collision avec le commerce capitaliste, et ce n’est pas ce que veulent les autorités. Toute personne est susceptible d’être porteuse du virus, c’est pour cela qu’a été décrété notre confinement à la maison, au quartier ou au village, dans le pays. Les autorités nous assurent que c’est pour éviter la contagion, mais en verbalisant les gens qui sortent dans la rue, seul·e·s ou accompagné·e·s d’un·e cohabitant·e, la justification médicale semble laisser place à celle de l’ordre public. On nous informe mal et on nous dit, avec un ton paternel et un langage infantilisant, que nous devons rester à la maison pour notre bien et celui des autres. L’urgence contraint à ne pas questionner les décisions des experts, et encore moins à envisager une autre forme de gestion de la crise ; il n’y a rien à discuter. Le problème c’est que l’urgence devient de plus en plus la norme. En outre, notre totale dépendance au système de santé public, l’absence d’alternatives de base dans ce domaine, fait qu’il est même difficile d’envisager d’autres manières d’affronter l’épidémie.

Le confinement encourage la surexposition aux médias et aux réseaux sociaux. La combinaison d’isolement et de communication télématique génère une culture du confinement dont l’ingrédient principal est le syndrome de Stockholm. De plus, le virtuel se normalise comme substitut aseptisé au réel et aux relations de proximité. Cette culture naturalise le contrôle social, commence à percevoir la rue comme un espace à risques, et la maison comme un refuge serein. Dans ce contexte, l’isolement s’annonce comme une forme d’hygiène sociale qui doit être complétée par la discipline et le maintien de l’ordre. La culture du confinement reproduit les traits de la culture, des valeurs et des habitudes de la classe dominante. La propagande officielle nous dit que nous devons être solidaires et rester à la maison, mais en échange elle fomente à tout instant une culture de l’individualisme, de l’indifférence pour l’autre, du calcul sans émotions, des émotions sans réflexion, une culture qui s’infiltre à domicile par l’intermédiaire des médias et des réseaux cybernétiques. Parce que la majeure partie de la population dépend au quotidien de réseaux informels d’entraide et de solidarité, adopter la culture de l’élite est non seulement frustrant mais aussi suicidaire. Le récit officiel de l’épidémie est le principal promoteur de cette culture du confinement, et c’est le seul qu’on entend pour le moment.

Les rues sont réduites à des lieux de passage pour les travailleur·se·s et les consommateur·rice·s, la ville est pacifiée. Cela ressemble au rêve des premiers urbanistes du XIXe siècle devenu réalité. C’est à cette époque qu’est apparu le terme « contrôle social » pour parler du travail des urbanistes qui incorporaient déjà la logique sanitaire à leurs projets. La planification urbaine devait ordonner l’espace, la mobilité et les interactions entre les individus pour prévenir l’apparition de pathologies médicales (maladies) et sociales (révoltes, mutineries, etc.). Certaines de ces transformations ont eu des effets positifs sur la santé, mais en contrepartie elles ont accru le contrôle social. À l’époque comme aujourd’hui, la soumission et le contrôle social sont le prix à payer en échange de la promesse d’une bonne santé. Quand on transpose le récit officiel de l’épidémie au territoire, il se convertit en un mécanisme de gouvernance en étroite relation avec les processus de gentrification. Ce que cache la version officielle c’est qu’en étant isolé·e·s, nous sommes plus vulnérables aux effets de n’importe quelle crise et du Capitalisme en général.

Ce qu’elle évite de dire aussi, c’est que le verbiage médical sert à maquiller la domestication sanitaire de la population.

Selon le récit officiel, la maison est un espace sûr qui sert de refuge contre la menace extérieure. Cette logique s’applique aussi au domaine institutionnel, et ainsi la fermeture des frontières cherche à immuniser le pays face à la menace extérieure, même si celles-ci étaient déjà fermées à la majorité des humains. Ce transfert du personnel au public prétend, entre autres, stimuler l’identité nationale entendue comme collectivité immunitaire. Les crises sont des moments délicats et les institutions ont besoin de préserver leur légitimité. Les phénomènes biologiques ne respectent pas les limites des frontières ni les contrôles douaniers, et mettent en évidence leur caractère arbitraire, artificiel. De plus, le manque de moyens et le manque de prévision face à la probabilité d’épidémies, montrent que l’État ne tient pas sa promesse de protéger la santé de la population. Tout envelopper dans le drapeau national permet d’éviter que la légitimité des institutions soit atteinte.

La guerre sanitaire

Ces derniers jours, la plupart des décisions gouvernementales ont suivi une logique à mi-chemin entre le médical et le militaire. En principe, voir des militaires et des médecins réunis dans une même conférence de presse peut paraître étrange, mais là non plus il n’y a rien de nouveaui. Durant la Première Guerre mondiale, les épidémies avaient tendance à occasionner beaucoup de pertes, elles représentaient une menace aussi importante que les armées ennemies. Pour les médecins militaires, la patrie était un corps social menacé par les ennemis aussi bien humains que microbiens. Le style belliqueux de la lutte contre l’épidémie, que l’on retrouve autant dans le récit que dans sa mise en pratique, suit cette même logique. Ce qui ne se dit pas c’est que la santé des institutions et celle de la population sont deux choses différentes. On n’explique pas non plus pourquoi la plupart des mesures gouvernementales prises pendant et après la crise ont tendance à empirer les conditions de vie des secteurs les plus opprimés et les plus exploités.

L’ambiance de guerre a converti les médias et les réseaux sociaux en une espèce d’aspirateur de l’attention. Chaque jour les pales (médicale, politique, militaire et policière) de la machine de l’État se mettent à tourner, et génèrent un courant de statistiques, de données et d’émotions qui nous emporte dans la logique institutionnelle. Ce courant statocentrique prétend renforcer le lien entre individus et institutions, en présentant ces dernières comme les seules intermédiaires entre la population et l’épidémie (ou l’incendie, le tremblement de terre, l’inondation, etc). Selon leurs porte-paroles, la guerre sanitaire comporte deux fronts principaux : celui microbien du ressort du personnel sanitaire et scientifique, et celui territorial du ressort de la police. Il est fort probable que la suractivité dans le domaine répressif cherche à dissimuler la faiblesse d’un système sanitaire déjà effondré avant l’épidémie et avant les coupes budgétaires successives. La harangue militaire ne reconnaît pas non plus que ce sont les transformations politiques, économiques et sociales du Capitalisme qui répandent les épidémies. Le discours officiel éclipse le fait que la logique militaire ne fait que contribuer à aggraver les problèmes provoqués par la maladie.

Le courant statocentrique a tendance à affaiblir les liens sociaux qui ne sont pas axées sur les institutions. Ces liens sont nécessaires à la vie, et plus on est dans une situation de vulnérabilité plus on en dépend. La logique immunitaire est un luxe que tout le monde ne peut pas se permettre. Les systèmes de santé public et privé monopolisent la gestion de notre santé, et les décisions se prennent entre experts et gestionnaires. Compte tenu de la situation du système public de santé déjà avant la crise, il est probable qu’il n’y avait pas tellement d’autres alternatives que le confinement, mais de toute manière la population n’est pas appelée à donner son avis sur la question. Comme ce fut le cas dans d’autres crises, l’État reprend la main pour gérer les catastrophes produites par le Capitalisme et garantir sa continuité. La gestion publique de cette épidémie semble suivre le modèle chinois, surtout dans le domaine répressif.

Le couronnement des héros

Le récit officiel fonctionne parce qu’il promet une fin rassurante : l’endiguement de l’épidémie. Il nous indique à l’avance qui seront les artisans de la victoire ; les héros seront les institutions sanitaires, scientifiques et punitives, et le gouvernement. En deuxième lieu il y aurait les citoyen·ne·s discipliné·e·s, puis viendraient les porteur·se·s inconscient·e·s du virus et enfin, au fond des enfers, une minorité indisciplinée atteinte par le virus. Cette échelle est parfaitement reconnaissable par le traitement médiatique différencié que reçoit chaque échelon. Le récit officiel fait bien la distinction entre le rôle des héros et des simples soldats qui accomplissent leur devoir, comme le personnel soignant (rémunéré ou non), et le reste des travailleur·se·s qui continuent de travailler. Ceci dit, le couronnement des héros ne sera qu’une pause, jusqu’à la prochaine apparition du virus ou de son cousin. Si ce sont des contextes sociaux, économiques ou géopolitiques à long terme qui provoquent l’apparition des épidémies, alors la prochaine crise nous attend déjà au coin de la rue. Les héros servent de modèles de conduite, ils sont la jonction qui permet aux personnes confinées de pouvoir s’identifier avec les autorités aux commandes. Quand, malgré les héros, le lien sujet-État se fragilise, apparaissent la critique et l’indiscipline, ce qui est la pire des maladies pour une institution.

La nécessité d’une approche critique

Les analystes militaires disent que le langage doit être employé pour confondre l’ennemi, rallier et motiver les amis, et gagner le soutien des spectateur·rice·s hésitant·e·s, et ils ajoutent que la guerre est davantage un duel de narrations que de raisons ou de données. Dans cette guerre sanitaire, l’ennemi est a priori le virus. Ce virus semble avoir pour alliés les relations interpersonnelles non médiées par l’État, et la population indisciplinée. Le récit officiel génère la panique, il court-circuite la capacité critique et renforce la culture de la classe dominante. Il oriente ainsi les axes de travail scientifiques, médicaux et policiers, aggravant la situation déjà délicate de nombreuses personnes. Le récit encourage la soumission aveugle à l’autorité et stigmatise des secteurs précis de la population. Il serait bon de sortir du cloisonnement militaro-sanitaire dans lequel on cherche à nous confiner pour avoir une perspective plus large, c’est-à-dire meilleure.

Crise structurelle, non exceptionnelle

Cette épidémie n’a rien d’un événement singulier et soudain, nous en avons déjà connu d’autres semblables auparavant, quoique à des degrés différents. L’émergence d’épidémies et de guerres dépend de facteurs sociaux, et en cela elles sont en lien avec les formes de la domination. La forme actuelle est le Capitalisme et cela faisait déjà longtemps qu’on nous annonçait qu’il allait de nouveau entrer en crise ; il semblerait que ce soit en train d’arriver. L’épidémie accélère des processus économiques et de contrôle social. Certains de ces processus s’annonçaient déjà depuis longtemps, comme le retour de la crise économique, d’autres en revanche n’étaient encore testés qu’à une plus petite échelle, comme les technologies de contrôle social. C’est maintenant la crise du coronavirus, comme ce fut en 2008 la crise des subprimes, comme il y eut avant celle de la bulle Internet et celle du pétrole. Toutes ces crises sont diverses manifestations d’un Capitalisme en crise permanente, depuis au moins cinquante ans. Sauf que l’originalité de celle-ci est de conduire à la paralysie d’une grande partie de l’économie.

En 2008, le récit officiel décrivait la crise comme une catastrophe naturelle, avec ses tremblements de terre financiers, ses tempêtes sur les marchés, sa sécheresse du crédit, etc. Le Capitalisme se présentait comme un fait naturel, et le remettre en question reviendrait à remettre en question la brise marine. Cette crise tendait aussi à être décrite comme une maladie qui attaquait la santé de l’économie, et à laquelle on injectait de la liquidité pour assainir les comptes. Représenter la crise comme une pathologie occulte la possibilité d’un autre type de diagnostic, comme le fait que la maladie soit le Capitalisme lui-même.

Les épidémies répondent à des causes structurelles, elles sont en lien avec le modèle social dans lequel elles se développent, qui dans ce cas précis est le Capitalisme. Chaque crise que nous vivons répond aux nécessités de transformation du modèle capitaliste.

Le récit sur l’épidémie qu’on nous conte aujourd’hui n’a rien de nouveau, il en existe des versions antérieures. Tandis que la Bible faisait le lien entre maladie et péché, les théologiens médiévaux en raffinèrent l’argument. Dans leurs écrits ils accusaient les hérétiques, les juifs, les gitans et les maures de provoquer des épidémies et d’êtres eux-mêmes un fléau contagieux. La diffusion de ces idées poussa au confinement et à la persécution des populations entières.

Les chroniques des épidémies du XIXe siècle accusaient les personnes migrantes d’être porteuses de maladies, d’autant plus si elles résistaient contre la perte de leur culture d’origine. Les premières femmes qui luttèrent contre les rôles assignés par le Patriarcat furent aussi l’objet de cette accusation. Dans leur cas, on les accusait de propager une maladie au cœur même du corps social, la famille. Le traitement qui leur fut administré fut, une fois encore, de les confiner au foyer. Pendant la Guerre Froide, les porteurs de maladies devinrent plus sinistres. Dissident·e·s et agitateur·rice·s s’infiltraient en catimini dans la population et contaminaient par leurs idées les citoyen·ne·s honorables. Dans ces mêmes années, la lutte anticoloniale amena les métropoles à accuser leurs colonies d’être des territoires dangereux sur le plan sanitaire et prédisposés à la maladie communiste.

Dans tous ces cas, le récit de l’épidémie a eu une structure similaire, des héros et des vilains comparables, et une fin analogue. Finalement, le récit se termine toujours par le renforcement de la culture des élites comme culture dominante, et par la criminalisation de secteurs entiers de la population.

Un virus qui chevauche le Capitalisme

Les agents pathogènes ont besoin d’écosystèmes favorables pour se reproduire, c’est à dire qu’il faut qu’il y ait une relation adéquate entre le virus et les processus sociaux, environnementaux, technologiques, etc. L’industrialisation et l’urbanisation intensives constituent des écosystèmes favorables pour l’émergence d’épidémies, comme toute transformation brutale de l’habitat animal et humain. Le Capitalisme est l’authentique patient 0, tandis que les institutions étatiques s’en lavent les mains et se limitent à gérer les conséquences de l’épidémie. Le modèle social capitaliste repose sur la compétition et l’inégalité, c’est la raison pour laquelle il a besoin de structures qui puissent garantir la sécurité de son commerce et la paix social. L’état d’urgence actuel ne fait qu’intensifier des mesures répressives déjà existantes auparavant, mais il les étend surtout à une grande partie de la société. Le confinement est une mesure qui prétend éviter le contact entre les personnes et entrave les réseaux informels d’amitié et d’entraide. La distance sociale qu’on nous impose nous touche tou·te·s sans exception, mais il y a celles et ceux dont la survie dépend totalement de ces réseaux tel·le·s que les migrant·e·s, les détenu·e·s, les mères célibataires, etc. Et même lorsque on est pas directement concerné·e par ces situations, le confinement aggrave le malaise provoqué par l’exploitation et la domination déjà présentes depuis longtemps. Il y a confinements et confinements.

La « Ley Mordaza »ii a été conçue pour réprimer les protestations durant la crise précédente et elle est devenue un outil fondamental pour punir l’indiscipline à cette période. Il est fort probable que, comme cela s’est passé ailleurs, certaines des mesures exceptionnelles prises aujourd’hui finissent par s’inscrire de manière permanente dans nos vies. Désormais le bâillonnement a une utilité sanitaire.

Agresser la vie

Le Capitalisme nuit à la vie en polluant l’environnement et en détruisant les milieux naturels. Les inégalités et l’exploitation rendent difficile le maintien de la vie collective. La logique capitaliste découpe la vie, elle la divise entre travail productif et travail reproductif, et la convertit en une course suicidaire. L’État attaque la vie avec son système punitif et les guerres. De surcroît, le Capitalisme sacrifie de temps en temps une partie de la population en favorisant la survenue d’épidémies.

La structure du récit officiel est semblable à celle des rites de passage ancestraux, ceux-là mêmes en usage autrefois pour marquer les différentes étapes de la vie (de l’enfance à l’âge adulte, du célibat au couple, etc.). Ces cérémonies servent à préparer les membres de la communauté aux changements qui les attendent. Ces rites de passage avaient l’habitude de se structurer en trois phases, la première étant la séparation du reste de la communauté. Venait ensuite une période de transformation personnelle. Enfin, l’individu réintégrait le groupe en tant que personne nouvelle.

Le récit officiel de l’épidémie et ses applications pratiques prétendent transformer la culture, les valeurs et les habitudes de la population pour les adapter aux besoins du Capitalisme. À cette fin, ils font la promotion d’identités collectives, comme celle du citoyen responsable ou celle du patriote, et ils encouragent des formes déterminées de relations entre les personnes, et entre celles-ci et le milieu naturel. Certains aspects de cette transformation sont déjà perceptibles, comme l’utilisation du foyer comme un espace multi-usages (travail, consommation, éducation, gestion domestique). Dorénavant, la distance sociale est présentée comme une habitude saine, alors que la rencontre qui n’est pas médiée par les institutions génère de la suspicion.

Les processus de transformation du Capitalisme constituent des situations délicates pour les institutions étatiques. Ils mettent en jeu la légitimité des États, qui mobilisent alors beaucoup de ressources et intensifient la violence structurelle et la violence plus visible. Les conséquences de cette manière d’affronter la crise commencent déjà à se voir, et ce n’est que le début.

Défendre la possibilité de vivre dignement, de vivre tout simplement, requiert la capacité de créer une perspective critique sur ce qui est en train de se passer, et sur ce que le récit officiel de l’épidémie dit qu’il se passe. Cela doit se traduire dans la pratique, comme par exemple avec les tentatives de créer des réseaux d’entraide. Ces réseaux constituent une réponse cohérente face à l’attaque des relations entre les personnes et les groupes, et c’est la raison pour laquelle l’État est déjà en train d’essayer de les récupérer pour en faire un exemple de citoyenneté responsable. L’entraide est une bonne base à partir de laquelle dépasser la logique de guerre sanitaire, mais pour éviter qu’elle soit récupérée elle doit aussi marquer clairement la ligne entre les camps. De l’entraide, il faut faire éclater la colère, il faut contribuer à ce qu’émerge son essence anticapitaliste.

Pour y parvenir, nous devons prendre soin de nous-mêmes, et c’est peut-être le meilleur moment pour reconsidérer le fait que laisser allègrement notre santé et notre sécurité aux mains de l’État et du Marché n’est pas la chose la plus sensée. Les réseaux d’entraide, les assemblées de quartier, les collectifs de soutien aux personnes migrantes et détenues, etc. pourraient constituer une bonne base pour tisser de nouveaux liens de solidarité. Ces tissus collectifs pourraient arracher au Pouvoir des espaces d’autonomie, à partir desquels faire face aux agressions de l’État et du Marché et vivre plus dignement.

Biblioteca Social Contrabando, le 3 avril 2020

i Chaque jour, le midi, les radios et télévisions publiques espagnoles diffusent une conférence de presse au cours de laquelle des représentants des autorités sanitaires, militaires et policières mettent à jour les données officielles sur la situation du COVID-19 dans le pays. (NdT)

ii « Loi Bâillon » ou « Loi de sécurité citoyenne » votée au printemps 2015 pour répondre à la contestation sociale qui agite l’Espagne en pleine crise économique. Elle restreint considérablement les libertés individuelles et publiques comme les droits de la presse, de grève, de réunion et de manifestation, en plus de renforcer les capacités répressives de l’État. (NdT)

Munich (Allemagne) : Trente-deux piqûres contre la logistique d’Amazon

Ce que la presse et la police taisent : la semaine dernière, dans le quartier de Gern, à Munich, les pneus de huit camionnettes de la société de logistique Mars ont été crevés. Mars est une entreprise partenaire d’Amazon, chargée de la livraison des colis depuis le centre logistique d’Amazon aux différents foyers.

 

Munich (Allemagne) : Trente-deux piqûres contre la logistique d’Amazon

Toulouse – Non on s’est pas trompé de cible : social ou pas mort à l’état

Dans la nuit du 24 au 25 avril 2020, on a carbonisé 11 véhicules de service de Toulouse Métropole Habitat.

Aujourd’hui comme hier, on veut attaquer toutes les composantes de cette civilisation qui nous sont accessibles, de la plus militarisée à la plus « sociale », et que le confinement ne nous empêchera pas de poursuivre nos activités extérieures, que ce soit une promenade diurne pour repérer ou une balade nocturne pour incendier.

Toulouse Merdopole Habitat, comme toutes les autres branches « sociales » du gouvernement n’est qu’un outil de pacification.

On ne veut pas de votre « État Social » de merde, on ne réforme pas une prison, on la brûle!

Ne vous inquiétez pas, lors de cette sortie, on était muni.e.s d’une attestation – motif du déplacement dérogatoire : incendier ce monde de merde.

Des irresponsables

PS :
Cette action n’est rien d’extraordinaire : Sans vouloir rentrer dans les détails pour ne pas alimenter les recherches des enquêteurs de merde, tout ce qui a été utilisé dans cette petite virée se trouve dans toutes les grandes surfaces. Y’a pas besoin de grand-chose : un peu de rage, un peu de repérage, un paquet de précautions et un autre de combustible.

A celles et ceux qui se font expulser, des maisons ou des pays dans lesquelles ielles vivent, à celles et ceux qui sont enfermées dans des prisons – que ce soient des cages ou des emplois – a celle et ceux qui ne se laisse pas confiner, a celle et ceux qui se font tuer pour un bout de papier pas rempli… DETERE – SOLIDARITE & CAPE D’INVISIBILITE !

 

Toulouse – Non on s’est pas trompé de cible : social ou pas mort à l’état

Crest (Drôme) – McDonald’s cuit à point

Dans la nuit du samedi 11 avril au dimanche 12 avril, le restaurant McDonalds de Crest (Drôme) a été en partie détruit par un incendie volontaire.
Vers 3h, les flammes seraient parties de la façade côté terrasse, avant de se propager à l’intérieur et de faire de gros dégâts.

C’est le vigile en charge de la surveillance du site qui a appelé les pompiers. Les gros moyens ont été déployés, avec des soldats du feu venant de Crest, d’Aouste-sur-Sye, Allex et Montoison. Sans la présence de ce gardien de l’infâmie capitaliste, peut-être bien que le MacDo aurait été réduit en un tas de cendres…

Le Mc Donald’s de Crest avait déjà été visé par un incendie en janvier 2013, alors que le chantier de construction se terminait.

Crest (Drôme) : McDonald’s cuit à point – 12 avril 2020