Païta (Nouvelle-Calédonie) – Les transports aériens, moyen de contagion…

France Info / lundi 23 mars 2020

[…] La nuit dernière, toute une partie des vitres de l’aérogare ont été brisées, à coups de pierre et autres projectiles. Le personnel de nettoyage, qui a pris son service ce matin à 5h30, avait déjà tout nettoyé en début de matinée, à l’intérieur des halls d’arrivée et de départ. Mais les stigmates extérieurs demeurent.

Sur le parking, un scénario comparable, avec une des voitures de location ou des véhicules des douanes dont une partie des vitres ont été brisées. Là encore, comment ne pas s’interroger sur les motifs d’un tel déchaînement, dénué de tout sens du discernement.
La nuit dernière, un bus de la société Arc-en-ciel, réquisitionnée pour le transport de passagers et de marchandises, s’est fait copieusement caillasser sur la RT1 en rentrant à Nouméa. La société ne faisait qu’assurer une mission de service public commandé, pour contribuer à la mise en place de la lutte collective contre la propagation du coronavirus. Ce lundi matin, en se rendant à Tontouta, notre équipe de reportage a croisé un autre bus de la même compagnie. Il roulait vers Nouméa, cette fois sous escorte policière. […]
Et dans un communiqué diffusé lundi soir, le sénat coutumier dénonce «les actes de colère et de vandalisme récemment commis»«Nous appelons au calme et à la maîtrise», signe le président Hippolyte Sinewami Htamumu. […]

Païta (Nouvelle-Calédonie) : Les transports aériens, moyen de contagion… (MAJ 26/03)

Carcassonne – Onze prisonniers bloquent la cour de promenade

La Dépêche / lundi 23 mars 2020

Ce dimanche 22 mars en milieu d’après-midi, à la maison d’arrêt à Carcassonne, onze détenus ont refusé de réintégrer leurs cellules à l’issue de la promenade. Venue de Toulouse, une équipe régionale d’intervention et de sécurité (ÉRIS) est intervenue ainsi que deux équipes de la brigade anti-criminalité (BAC) et une de police secours. En mois d’une heure, la situation a été rétablie. Deux des onze détenus ont été emmenés au commissariat afin d’être entendus. Selon nos sources, ils auraient commis des dégradations. […]

extrait de l’Indépendant, même date

[…] Interpellé dimanche après-midi à l’issue d’une mutinerie à la maison d’arrêt de Carcassonne, l’un des deux détenus considérés comme l’un des plus impliqués a été reconduit dans sa cellule dans la matinée de ce lundi 23 mars, à l’issue de sa garde à vue au commissariat. Âgé de 21 ans également, le second mutin arrêté a, pour part, vu sa mesure de garde à vue prolongée à la demande du parquet, dans l’attente d’être déferré au palais de justice, ce mardi 24 mars. Selon les informations que nous avons pu obtenir, il pourrait être jugé en comparution immédiate le jeudi 26 mars, à 14 h. […]

Encore des révoltes en prison

Hauts-de-France – Émeutes aussi dans des prison des Hauts-de-France

France Info / dimanche 22 mars 2020

De violents heurts ont eu lieu cet après-midi dans les prisons de Maubeuge (Nord) et Longuenesse (Pas-de-Calais). 110 détenus ont déterioré les lieux pour protester contre leurs conditions de détention en pleine épidémie du coronavirus. […]

À Maubeuge, deux groupes de détenus réalisaient leurs promenades près de deux bâtiments disctincts à 14h15. Un quart d’heure plus tard, les 25 détenus du premier groupe et les 65 du second bloquent les accès. Ils arrachent les grillages qui séparent les chemins de promenade et les chemins de ronde. Ils brisent les vitres des bâtiments auxquelles ils ont accès. Ils utilisent enfin, des bouts de cartons ou de bois pour incendier quelques endroits de la cour. 

Surtout, ils jettent des objets enflammés dans les trappes d’exfiltration d’air « avec la volonté de mettre le feu aux bâtiments, c’est ce qui nous fait parler de mutineries », explique Julien Martin, secrétaire inter-régional SNPFO.
« Depuis le début de la semaine les détenus lancent des appels à un mouvement collectif sur le réseau social Snapchat », déplore le syndicaliste, alors que les détenus parviennent, de plus en plus, à communiquer via les réseaux sociaux malgré l’interdiction. […]

À Longuenesse, dans le Pas-de-Calais, situation similaire, mais sans départ de feu. De nombreux projectiles ont été lancés vers le personnel et toutes les vitres du rez-de-chaussée et du premier étage, donnant notamment sur les salles d’activités, ont été brisées. Le poste de surveillance de la promenade, où se tient la personne en charge de surveiller les détenus lorsqu’ils sont dehors, a été fracturé.  […]
16h45. Cinq personnes auraient été placées en quartier disciplinaire. Hier samedi, quatre détenus ont été mis en garde-à-vue à Sequedin, près de Lille, pour des comportements similaires.

Selon La Voix du Nord de lundi 23 mars,

« L’émeute dimanche après-midi à la prison de Maubeuge, en pleines mesures de confinement liées au coronavirus, a été lourde de conséquences dans les locaux. Beaucoup de matériel a été dégradé. »

Encore des révoltes en prison

Rennes-Vezin – Soixante-dix prisonniers refusent de remonter en cellule

France Bleu / dimanche 22 mars 2020

Environ 70 détenus, qui se trouvaient dans deux cours de promenade, ont collectivement refusé de réintégrer leur cellule, ce dimanche après-midi, peu après 17 heures, à la prison de Vezin, à Rennes. De source syndicale, ils souhaitaient la remise en place des parloirs, interdits depuis mercredi en raison de l’épidémie de coronavirus.
Basés sur place, les négociateurs de l’administration pénitentiaire, les Équipes régionales d’intervention et de sécurité (Eris) sont intervenues, en utilisant une grenade de désencerclement et en tirant des balles de caoutchouc. Les derniers détenus sont remontés dans leur cellule juste avant 19 heures.

Encore des révoltes en prison

Uzerche (Corrèze) – La prison détruite par une mutinerie

Le Parisien / dimanche 22 mars 2020

Si nombre d’établissements pénitentiaires ont connu cette semaine des incidents sur fond de crainte du coronavirus, c’est bien une « mutinerie » qui a touché ce dimanche soir le centre de détention d’Uzerche (Corrèze).
Pour la première fois depuis le début de la crise, les surveillants ont perdu le contrôle de l’un des bâtiments, le « C », qu’ils ont dû évacuer, les détenus prenant possession des coursives. C’est peu après 17 heures que plusieurs d’entre eux ont d’abord refusé de réintégrer leurs cellules. Vers 19 heures, ils étaient près de 200 à évoluer en liberté dans certaines zones de l’établissement. Une quarantaine d’entre eux sont parvenus à monter sur les toits, dont ils ont été rapidement délogés.
Plusieurs départs de feu ont été enregistrés, notamment via des matelas brûlés. Selon nos informations, un détenu ayant inhalé des fumées a dû être hospitalisé. Jusqu’au coucher du soleil, un hélicoptère de la gendarmerie a survolé la prison, alors qu’une dizaine de fourgons de gendarmes mobiles convergeaient sur les lieux afin de ramener l’ordre au côté des ERIS, les équipes spécialisées de l’administration pénitentiaire.

Vers 22 heures, une dizaine de mutins devaient encore être évacués du bâtiment concerné. Selon plusieurs sources, dont le syndicat FO, ce sont près de 250 cellules qui ont été rendues inutilisables, ce qui va nécessiter toute la nuit des extractions de détenus vers d’autres établissements de la région Aquitaine. « La crainte du coronavirus et la suppression des parloirs ont joué, mais il y a aussi une forme de challenge entre détenus et établissements visant à tout casser », analyse Thierry Not, secrétaire adjoint régional du syndicat Ufap-Unsa.
Si des mouvements, d’une ampleur moindre, avaient déjà été enregistrés au cours des dernières années à Uzerche, les observateurs s’attendaient plutôt à ce qu’ils soient enregistrés cette fois dans d’autres établissements du grand Ouest. « Le profil des détenus d’Uzerche reste très hétéroclite, note Thierry Not. Beaucoup sont jeunes, et proviennent de nombreuses régions de France, de Lyon à Montpellier en passant par Toulouse. »
En tant que centre de détention, Uzerche accueille près de 600 détenus déjà condamnés, à une peine au minimum de deux ans de prison. « Un certain nombre de ces détenus ont pu être reversés dans les cellules des étages non touchés, expliquait ce dimanche soir une source pénitentiaire. Les leaders de ce mouvement et les casseurs ont été identifiés. » Selon cette même source, alors que les gendarmes assuraient la sécurité « périmétrique », « il n’y a pas eu de risque d’évasion. »
Plus tôt dans la journée, d’autres mouvements de grogne des prisonniers avaient touché un certain nombre d’établissements à travers la France, mais d’une intensité nettement moindre que les événements s’étant produits à Uzerche. À chaque fois, il s’agissait de refus de réintégrer les cellules, qui tous ont cessé dans le calme à l’arrivée des ERIS. Excepté à Maubeuge (Nord), où celles-ci ont essuyé des jets de projectiles.

Selon France Info de lundi 23 mars,

[…] Il était aux environs de 16h30 quand quelques détenus ont refusé de rentrer après la promenade. « Ils ont très vite arraché une poutre dans la cour pour se servir de bélier et défoncer les portes des deux bâtiments C et D du centre de détention. Ils ont mis le feu, détruit les couloirs, nos bureaux, le bureau du directeur, tous les dossiers des détenus ont brûlé, la partie informatique a explosé… ces deux bâtiments sont totalement aujourd’hui détruits. Il va falloir un à deux ans de boulot pour tout reconstruire. Ce qui veut dire qu’on va vraisemblablement être déplacés dans les semaines à venir sur d’autres centres de détention ou maisons d’arrêt de la Nouvelle-Aquitaine, puisque l’intégralité de notre effectif sur Uzerche ne sera plus justifié » poursuit Dimitry Frère

Les meneurs se sont filmés avec leur portable et ont diffusé des vidéos sur les réseaux sociaux, type snapchat. Ils sont même identifiables. Ils sont cinq ce lundi 23 mars susceptibles d’être poursuivis en comparution immédiate. Ce sont au total 88 détenus, par effet boule de neige, qui se sont retrouvés en mutinerie, notamment sur le toit du centre de détention, criant des propos haineux à l’intention du personnel pénitentiaire.
Les forces de Gendarmerie corréziennes (Communauté de Brigades et Peloton Motorisé de Uzerche, COB de Lubersac et de Donzenac, PSIG de Brive) et les forces ERIS ont pu maitriser les détenus en liberté aile par aile. Ils ont dû faire usage de grenades de désencerclement et de tirs de balles en caoutchouc. Un seul détenu a été blessé par un tir. Rappelons que 550 prisonniers sont en cellule au centre de détention d’Uzerche. Les surveillants pénitentiaires passaient dans la foulée des premières interventions pour contenir immédiatement en cellule les prisonniers. Les interventions se sont prolongées jusqu’au début de la nuit. Un appel nominatif a ensuite été fait pour vérifier l’absence de toute évasion.
Sur les 88 détenus en liberté pendant la mutinerie, 83 ont été déplacés dans la nuit vers l’ensemble des établissements dépendant du DISP Nouvelle-Aquitaine, soit de Poitiers à Pau, en passant par ceux de Neuvic et Mont-de-Marsan. 250 prisonniers vont l’être dans la journée vers les autres centres de détention de France, comme Paris, Lyon etc. […]

Encore des révoltes en prison

Contre le confinement généralisé

Alors oui nous traversons une crise sanitaire importante qu’il ne s’agit pas de négliger, mais même si Corona est assez coriace et contagieux, il reste assez peu mortel. l’extrême majorité de la population peut donc (et va sûrement) le contracter et en guérir tranquillement. Bien sûr le problème est la saturation de l’accès aux soins et cela sans surprise puisque les moyens accordés au secteurs de la santé n’ont fait que diminuer au fil des politiques capitalistes et libérales. L’État et les gouvernements successifs sont responsable de la situation actuelle, c’est à cause de leurs politiques, leur négligence de l’humain, du soin, des secteurs « non rentables » en général qu’aujourd’hui nous sommes obligés d’essayer de retarder la propagation du Covid-19 qui sinon aurait bien pu se répandre à la vitesse qu’il voulait sans plus de conséquence qu’une mobilisation intensive des services de santé (et de tout à chacun.e niveau hygiène).

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Alors oui, lavons nous les mains, évitons de nous toucher ou nous tousser dessus, désinfectons régulièrement autours de nous, ne côtoyons plus les personnes les plus à risque (tout en maintenant le lien) mais le confinement général, sérieux ? S’assigner à résidence pendant 15 jours, 1 mois, plus ? Devoir justifier ses déplacements ? Ces mesures malheureusement vont au-delà des considérations sanitaires, elles ont de grosses conséquences économiques, sociales et politiques. Bon l’économique, pour le moment l’État promet d’en prendre une partie en charge et du reste que le capitalisme tourne au ralenti ou s’en trouve affaiblit ne peut que nous réjouir. Les bon.ne.s français.e.s travailleu.r.euse.s verront leurs loyers sauter et pourront toucher le chômage partiel, super ! Ah oui mais les autres ? Celleux qui ne sont pas français.e.s ou qui n’ont même pas de papiers, celleux qui bossent au black ou dans « l’économie parallèle », celleux qui n’ont pas de loyer mais dépendent d’actes illégaux comme squatter ou faire les poubelles pour survivre et tout.te.s celleux qui n’ont pas de chez elleux où se confiner…

Dans les rues désertes des villes confinées devinez qui devient tout d’un coup visible, sans plus pouvoir compter sur la protection (certes insuffisante) des passant.e.s qui peuvent réagir en cas de problèmes ou d’abus. Merci la ville laissée aux flics en toute impunité… Comme les rafles de sans-papiers vont être facilités, comme le commerce de drogue et la prostitution vont être limités, comme les manifestations et autres contestations politiques vont disparaître ! Quelle aubaine pour l’État !

Alors oui, on va éviter les activités trop collectives, les réunions superflues, on va maintenir des distances de sécurité, mais on niquera votre confinement, déjouera autant que possible vos contrôles, hors de question qu’on cautionne la restriction de nos libertés et la répression ! A tou.te.s les pauvres, les marginaux et les révolté.e.s, soyons solidaires et entre-aidons nous pour maintenir les activités nécessaires à notre survie, éviter les arrestations et les amandes et continuer à nous exprimer politiquement.

Par solidarité avec celleux qui ont besoin de se déplacer pour survivre et avec celleux qui hier comme aujourd’hui ne peuvent pas se permettre un contrôle de police, on propose pour commencer un info-traflic des contrôles sur Nantes, ce peut être au moins ici en commentaires ou sur d’autres plateformes sécurisées. On espère aussi que les camarades continuerons de s’organiser (pensez outils informatiques sécurisés) pour résister et lutter contre toutes les oppressions, la lutte ne doit pas s’arrêter. S’adapter, trouver de nouveaux outils, de nouvelles failles, l’épidémie et l’état de restrictions sanitaires que nous traversons peuvent être un bon exercice, un bon test pour les milieux militant.e.s face au sécuritaire. Il nous faut dès aujourd’hui échanger les informations : Qui se fait contrôle ? Est ce qu’ils demandent les attestations ? Est ce qu’ils vérifient les identités ? Est ce qu’ils donnent des amandes systématiquement, envoient en vérif ou en gardav’ ? Tester et si besoin déjouer ou saboter les dispositifs de contrôle (tout en restant lucides sur les risques sanitaires), observer, produire de la réflexion et de l’analyse sur les évènements mais surtout garder coûte que coûte notre esprit de solidarité et d’autonomie, passons nous autant que faire se peut des institutions.

Alors oui, c’est la pandémie et cette grosse bronchite de Covid-19 est mortelle et fait peur, mais nous voulons, hier comme aujourd’hui avoir et garder le contrôle de nos vies. Je veux pouvoir choisir et que chacun.e ait le choix de s’exposer ou non, de prendre des risques mais surtout de se soigner comme iel l’entend. C’est pourquoi on ferra tout notre possible pour ne mettre en danger personne mais on se sentira libre aussi de ne pas choisir le médecin ou l’hôpital, de tester nos propre remèdes. Il serait idiot de faire soudainement pleine confiance à l’institution médicale qui à si souvent prouvé quels intérêts elle sert. Si patriarcale, si capitaliste nous ne pouvons nous en remettre à elle seule. Si nous ne voulons pas engraisser les gros laboratoires pharmaceutiques alors soignons nous par nous même, mais si nous estimons qu’eux seuls possèdent des remèdes efficaces alors choisissons leurs produits pour le moment, à chacun.e de juger, mais nul doute que dans ce domaine aussi une lutte est nécessaire pour se ré-approprier les savoirs et les ressources et gagner notre autonomie.

Comme toujours c’est la balance entre liberté et sécurité, si vous pencher vers l’un vous payerez par l’autre. L’État nous ordonne la sécurité sanitaire et nous la fait payer de notre liberté de circulation. Que chacun.e trouve l’équilibre qui lui convient mais par pitié qu’on arrête, par peur, de cracher sur celleux qui choisiront toujours la liberté parce que mourir du coronavirus ou d’autre chose leur importe peu, vivre est un risque et vivre sans liberté c’est, pour elleux être déjà mort.e.s !

Courage à tou.te.s les malades et personnes vulnérables. Force aux illéga.ux.les et claustro de tout poils.

Eradiquons le Corona et l’Etat ! Solidarité et autonomie.

https://nantes.indymedia.org/articles/49289

Nouvelles du jour d’après #6

le 26 avril 1986, le réacteur numéro quatre de la centrale nucléaire de
Tchernobyl explosait. C’était une autre catastrophe, qui créait elle
aussi un effet de sidération. Plus de 100.000 personnes étaient alors
évacuées de la région entourant la centrale. Cette explosion du réacteur
a provoqué une contamination massive par césium et strontium sur
plusieurs centaines d’années, et par plutonium et radio-nucléides à vie
longue pendant plusieurs milliers d’années. Le « nuage » a survolé
l’ensemble du continent européen, disséminant une contamination massive
au-delà des frontières. Il a même saturé l’atmosphère de la planète en
radioactivité. 150.000 km² sont contaminés à plus de 37.000 becquerels
de césium 137/m². Un quart de la Biélorussie est fortement contaminé.
L’Ukraine et la Russie sont également très touchées. Une zone étendue
autour de la centrale a même été baptisée « zone d’exclusion » et reste
interdite. C’est en fait un territoire invivable qui se découvre où huit
millions d’habitants et d’habitantes doivent s’adapter pour survivre en
zone contaminée. L’eau, la terre et le bétail sont contaminés dans une
région essentiellement agricole. La vie est placée sous le signe de la
contamination. La “vie sous contrainte radiologique” est testée comme
dans un immense labo. Les experts ne sont pas des poètes.

Quelques antinucléaires s’auto-organisent alors au sein du Comité
Irradiés de tous les pays unissons-nous. Les analyses qu’ils font alors
du rôle de l’Etat et des nucléocrates en situation de gestion de crise
sont parfaitement concordantes avec la situation actuelle. Il était
alors affirmé que :
“le nucléaire a placé les individus dans une situation de plus grande
dépendance par rapport à l’Etat. Après leur avoir imposé ces monstres
que sont les centrales et autres lieux de production et de stockage de
matières fissiles, il se présente comme la seule force ayant les moyens
sinon d’empêcher, du moins de juguler leurs principes, et recommande à
tout un chacun de le laisser s’occuper de la sécurité, sans discuter la
moindre des décisions prises au nom de cette sécurité. C’est ainsi que
l’Etat et les nucléaristes, ayant mené l’humanité à un stade
d’insécurité jamais atteint auparavant, se prétendent les seuls
habilités à protéger l’humanité des dangers dont ils sont la cause.
Partout, ils se présentent comme l’unique recours possible contre la
dégradation, qu’ils produisent, des conditions d’existence, et invitent
les populations à venir se ranger en bon ordre sous leur bouclier
fissuré. Ce qui reste de réactions humaines, de réflexes de solidarité,
en cas de catastrophes est transformé en participation civique à un
processus dont l’Etat reste le maître exclusif. S’il suggère aux
individus de se jeter aveuglément dans ses bras salvateurs, c’est avec
la force de sa police et de son armée, par le quadrillage militaire des
régions et la déportation ou le « confinement » des populations, seules
solutions qu’il ait prévues en cas de catastrophe. C’est d’ailleurs bien
normal puisque le même déploiement militaro-policier sert déjà à
réprimer les révoltes des « citoyens » bafoués contre les décisions qui
les affectent.”

Il en est de même avec l’épidémie du coronavirus aujourd’hui. Ce genre
d’épidémie est directement lié aux activités industrielles et aux fortes
concentrations croisées d’humains et d’animaux. Il faut y ajouter les
difficultés à la réguler du fait de la circulation des marchandises à
travers le monde, au délabrement organisé des services de santé, au
démantèlement de toute parcelle d’autonomie et au renforcement de la
dépendance à des systèmes industriels et économiques finalement bien
fragiles. L’Etat et les classes dirigeantes qui ont organisé cet état du
monde sont les mêmes qui se proposent aujourd’hui de nous “sauver”. Au
même moment, leur pouvoir ne cesse de s’étendre à coups de lois
d’exception et d’état d’urgence. Nous voilà pris dans le maillage de
l’Etat, dans les fils de la toile de la gestion post-catastrophe, dont
l’objectif est de sauver un monde, leur monde, avec leurs privilèges,
leur pouvoir, leurs délires technoscientifiques, leur règne de l’argent.
La police surveille, l’armée investit les rues, les médias relaient sans
arrêt les discours officiels, les collabos balancent les réfractaires.
Les gendarmes verbalisent même les gens qui se rendent à une inhumation,
comme à Falaise le 19 mars
( https://actu.fr/normandie/falaise_14258/coronavirus-quatre-personnes-verbalisees-falaise-sortie-dun-enterrement_32431502.html?fbclid=IwAR2XeaUmJ_W6u_e2hoJf6s6MK6rBTeU-O5iOySbgZoJmNKnEVLvK06JneBc ).
L’Etat suspend chaque geste à son contrôle. Le but est surtout d’éviter
que cette situation suscite d’autres désirs, d’autres imaginaires. Que
certains et certaines s’emparent de cette situation pour ouvrir d’autres
possibles. C’est pourtant la chose la plus sensée.

Nouvelles du jour d’après #5

Le mouvement anarchiste a depuis bien longtemps son lot d’autoritaires
responsables et citoyens. Dans la situation actuelle, la gestion de
crise sanitaire a par conséquent ses relais dans les milieux dits
radicaux, justifiant les attestations de sortie et les mesures
d’isolement au détriment de l’entraide. Il y a des moments propices pour
que les masques tombent. Le site Socialisme libertaire, qui diffuse des
contenus variés et de tendances fort contradictoires, a ainsi trouvé que
c’était le bon moment pour diffuser un vieux texte de Pierre Bance,
apôtre acritique sur le Rojava et du municipalisme libertaire en France,
où il est question de Droit, de Justice et de Police libertaires. Le
titre est évocateur : Maintien de l’ordre en anarchie. “Ainsi
faudrait-il qu’en société communiste, il y ait un droit, s’indigne le
naïf. Un droit mais aussi une justice et une police pour le faire
appliquer.” J’ajoute : à coups sûrs il y aura aussi des anarchistes et
des rebelles pour les combattre, et c’est tant mieux. Kropotkine avait
écrit un texte sur L’organisation de la vindicte appelée justice il y a
bien longtemps (https://infokiosques.net/spip.php?article1376). Les
frères de la forêt combattant le tsarisme ont quant à eux refuser la
discipline. Après avoir élu un chef, puis pris les décisions
collectivement à la majorité, ils ont finalement décidé de ne rien
décider pour les autres. Les décisions collectives ne s’imposaient
jamais à qui que ce soit et tout un chacun pouvait refuser de s’y plier.
Se replonger dans cette histoire (cf Vive la révolution, à bas la
démocratie, Mutines séditions), comme beaucoup d’autres, serait plus
judicieux que d’apposer les oripeaux libertaires sur des institutions
autoritaires et étatiques. A leur maintien de l’ordre, quel qu’il soit,
il y aura toujours des individus pour y opposer la conflictualité contre
toute domination.
La peur est rarement bonne conseillère. L’isolement n’ouvre aucune
perspective émancipatrice. La crise dans laquelle nous sommes plongés
n’est pourtant pas une crise sanitaire provenant d’un virus arrivé là
par hasard de façon toute naturelle. C’est une crise aux multiples
facettes qui est d’abord celle d’un monde absurde, cynique, inégalitaire
et liberticide. Et par la même occasion ravageur pour tout ce qu’il y a
de vivant. Les choses sont claires : les cadres télétravaillent pendant
que les ouvriers et ouvrières taffent et s’exposent à la maladie (dont
le coronavirus n’est qu’un aspect plus immédiat) ; les sans-papiers et
sans-abris sont “oubliés” ; le gouvernement commence déjà à profiter de
la situation pour renforcer les conditions d’exploitation à la demande
du patronat et pour accélérer une société de contrôle toujours plus
technologisée, etc. Il y aurait par ailleurs beaucoup à dire et
réfléchir sur la question du rapport à la mort et à ce qui fait une vie
plutôt que rester “confiné” à la survie. Peut-on seulement affirmer
qu’on préfère continuer à vivre et à lutter au risque de sa santé plutôt
que de s’isoler à ne rien faire pour peut-être y passer quand même ? Il
serait idiot de nier la gravité de la catastrophe en cours. Il y a
d’ores et déjà des tas de morts, et il y en aura d’autres. Il faudra y
ajouter les tas de gens qui ne pourront pas payer leurs factures et qui
se retrouveront dans des situations de merde, des gens traumatisés, des
gens embastillés. Il est toutefois certain que la révolte et l’entraide
ont bien des vertus thérapeutiques !

Encore et toujours pour la liberté !

Le Coronavirus redimensionne Defender Europe et les forces italiennes s’entrainent dans le Nevada

” Après une évaluation minutieuse des activités en cours pour l’entraînement [militaire] Defender Europe 2020 et à la lumière de l’épidémie de coronavirus d’aujourd’hui, nous modifierons l’exercice en réduisant le nombre de participants américains; les activités associées à l’entraînement seront remodelées en accord étroit avec les Alliés et les partenaires pour répondre à nos plus grandes priorités [en termes] d’ objectifs d’entraînement “.

Maintenant c’est officiel: le Commandement des Forces Armées Américaines en Europe basé à Stuttgart (Allemagne) a décidé d’amputer les jeux de guerre programmés en Europe centrale et orientale aux mois d’avril et mai dans le cadre du maxi-exercice auquel plus de 37 000 militaires, des milliers de véhicules lourds, des chasseurs-bombardiers et des unités navales et sous-marines des pays qui ont rejoint l’Alliance atlantique étaient attendus. “La protection de la santé de nos forces armées et celle de nos alliés de l’OTAN est un objectif prioritaire”, poursuit la note publiée par le Commandement européen américain. “Nous prenons l’épidémie de coronavirus au sérieux et sommes convaincus qu’en prenant cette décision, nous continuerons à faire notre part pour empêcher la propagation du virus, tout en maximisant nos efforts pour développer notre alliance et partenariat. et renforcer la réponse générale contre toute crise et éventualité “. De nouvelles mises à jour concernant Defender Europe seront annoncées dans les prochaines heures.
La décision américaine a été officialisée après l’annulation de la première phase de l’exercice prévu en Norvège et dans la mer Arctique (exercice Cold Response 20).Précisément à cause de l’explosion sur le vieux continent de l’urgence du coronavirus, il y a quelques jours, la Finlande avait annoncé son retrait des jeux de guerre en mer Baltique; le ministre italien de la défense, Lorenzo Guarini, avait également annoncé, le 12 mars, son intention de ne pas participer à Defender Europe. “Les hommes et les femmes de la Défense sont sur le terrain sans relâche pour faire face, en ce moment délicat, à l’urgence sanitaire et pour garantir la mise en œuvre des délibérations importantes décidées par le gouvernement”, a déclaré Guerini. «Pour cette raison, j’ai évalué conjointement, en notifiant le commandement de l’OTAN, de ne pas confirmer notre contribution à l’exercice, conjointement avec le chef de la défense. Tout en soutenant sa valeur stratégique, j’ai jugé approprié de maintenir la contribution des forces armées dans cette situation aussi élevée que possible “.
La décision du gouvernement a été partagée par toutes les forces politiques et l’opinion publique. Dommage que dans les mêmes heures où celle-ci a mûri, de l’autre côté de l’océan, au Nevada (USA), un autre maxi-exercice aérien, le Red Flag (Red Flag 2020-02), a commencé avec la participation des départements d’excellence de l’armée de l’air provenant des bases de Pise, Grosseto, Gioia del Colle, Trapani-Birgi, Pratica di Mare et Amendola (Foggia). “Avec les premiers décollages des moyens italiens, le Red Flag a officiellement commencé le 9 mars, l’un des exercices aériens les plus complexes et les plus réalistes organisés à l’échelle internationale, qui implique également les forces aériennes américaines, espagnoles et allemandes à la base américaine de Nellis” , signale avec force le communiqué de presse publié par l’état-major de la défense. «Pour la première fois depuis 1989, l’Air Force participe à trois types d’avions: les Eurofighters de 4e, 36e et 37e Escadre; le CAEW (Conformal Airborne Early Warning) du 14e Escadron de Pratica di Mare et les F-35 de la 32e Escadron d’Amendola, tous deux à la première présence dans ce scénario particulier. Il s’agit de l’événement de formation le plus important de 2020 pour l’Air Force, un exercice dans lequel les pilotes consolident la capacité d’utiliser les systèmes d’armes fournis et la validité de leurs tactiques respectives, à travers l’organisation et la coordination de formules consistant en un grand nombre d’avions, renforçant en même temps la capacité d’opérer conjointement avec d’autres départements, tant de la Force armée que d’autres nations ».

Pas de danger de coronavirus donc pour Red Flag qui se terminera le 20 mars. De plus, aucun des protagonistes armés ne pouvait manquer l’occasion d’expérimenter en direct les nouveaux systèmes de renseignement et pour l’acquisition de la cyber-guerre : les simulations des futures guerres aérospatiales et cybernétiques auront lieu dans un immense champs de tir du Nevada qui se hausser près de la base vue aérienne de Nellis, l’une des plus grandes installations militaires du monde. Dans ce champ de tir, plus de 75% de toutes les munitions et bombes à la disposition des forces armées américaines et de l’OTAN ont été testées. De sa première édition en 1975 à nos jours, Red Flag a accueilli les forces aériennes de 29 pays et plus de 506 000 militaires. “Le déploiement opérationnel et logistique dans le Nevada pour les exercices aériens a été effectué par notre Force armée comme prévu, malgré les efforts organisationnels concomitants au niveau national dans le contexte des actions actuelles de contraste et de gestion des urgences de COVID-19”, conclut la note de l’état-major. Qui sait si après la mission irresponsable aux États-Unis, l’isolement obligatoire au domicile sera décrété contre tout le personnel participant, à titre préventif pour la propagation du coronavirus dans toute l’Italie …

Il Coronavirus ridimensiona Defender Europe e l’Italia si esercita nel Nevada

Turin – ecrit sur l’épidémie en cours

Ces jours, enfermés de force à la maison, semblent une excellente occasion d’essayer de réfléchir et de mettre sur papier quelques considérations sur ce qui se passe, sur les scénarios possibles qui s’ouvriront et vers quoi, en tant que compagnons, il conviendra de tourner notre attention.
Les notes que vous lirez sont des réflexions à chaud sur lesquels nous essaierons de revenir et continuerons de raisonner dans les temps à venir, et donc n’avons aucune prétention à l’exhaustivité.
Une première clarification sur les nombreuses rumeurs qui tendent à minimiser cette épidémie nous semble juste. Nous ne sommes ni médecins ni infirmières mais à notre avis l’absurdité de cette position peut être contestée dans le cadre de la théorie révolutionnaire. Ceux qui visent à changer le présent comme objectif de leur vie devraient être les premiers à savoir que la relation entre le Capital et la Nature, drames et catastrophes surviennent inévitablement qui, malgré le récit dominant, n’ont rien de “naturel”, qui ne sont pas des cygnes noirs mais, selon les périodes, ont une certaine périodicité, comme les crises économiques. Les tremblements de terre dans les zones peuplées, la désertification, la pollution des aquifères, les inondations et les épidémies sont des fils de la même logique. L’épidémie à laquelle nous sommes confrontés, malgré toutes ses spécificités, ne nous semble pas d’une autre nature que cette série de catastrophes produites par le régime capitaliste. Des spécificités qui, bien entendu, sont loin d’être négligeables et qui mériteront d’être approfondies au cours de cet écrit.

Les origines

La maladie s’est développée sur le marché de Wuhan, la capitale du Hubei, l’une des régions les plus peuplées de Chine. Région devenue le haut fourneau du pays: voici le cœur battant des hauts fourneaux et des cimenteries qui a soutenu la croissance industrielle du géant asiatique. La grande quantité de matériaux de construction et la formation d’ingénieurs qualifiés dont la région est le berceau ont soutenu toute la période post-crise de 2008: l’État chinois a en effet lancé au cours de ces années d’impressionnants projets d’infrastructure et de construction.
La couverture sanitaire dans toute la Chine est presque inexistante, un très grand nombre de travailleurs d’autres régions sont en effet illégaux dans celles [les régions] dans lesquelles ils se retrouvent à travailler (en raison du système diabolique hukou ) et vivent donc dans un état semi-clandestin et sans aucune protection. Il est important de souligner en quoi il s’agit d’une situation structurelle et non due à la dureté plus ou moins grande des dirigeants en place. Comme nous l’avons déjà souligné dans d’autres écrits [https://macerie.org/wp-content/uploads/2018/03/def-tuttattorno.pdf ] la fin des politiques keynésiennes a une de ses explications pour la baisse des profits mondiaux, un phénomène accentué par la récession qui a commencé en 2008. Une étude publiée dans un article intéressant du blog de Chuang [ http://chuangcn.org/2020/02/social-contagion/ ou en italien https://pungolorosso.wordpress.com/ 2020/03/12 / social-contagion-class-warfare-micro-biologique-in-china / ] – dont nous recommandons fortement la lecture – souligne comment, si dans la région de Dongguan les entreprises devaient prendre en charge la couverture sanitaire du leur main-d’œuvre, ceux-ci réduiraient leurs profits de moitié et seraient donc contraints de délocaliser la production ailleurs.
La concentration de la population dans des endroits insalubres et surpeuplés et l’impossibilité d’avoir un système de santé décent ont contribué à l’apparition du fameux Covid-19. Diverses études indiquent que le passage de formes virulentes des animaux aux humains sera de plus en plus probable à l’avenir et, ajoutons-nous, de plus en plus meurtrier.

Le choc

La Chine, suivie de l’Italie et de nombreux autres pays, a réagi à cette pandémie en mettant en quarantaine l’ensemble de la population. Les effets et l’impact de ces mesures sur les économies nationales et mondiales font encore débat. Des images satellite impressionnantes des émissions de CO2 ont été prises dans les journaux, avant et après l’arrêt de la plupart des activités en Chine, dont il est possible de d’obtenir “seulement” les donnée pour un mois du géant asiatique qui s’est arrêté complètement presque [ https://www.corriere.it/cronache/20_marzo_02/coronavirus-cina-measures-counter- the- epidemic- will-scale-l- pollution-of-the-air-eceb67ba-5c8a-11ea-9c1d- 20936483b2e0.shtml ] . Il n’est pas clair/certain que cela signifie que l’arrêt de l’économie ai de fait transporté le monde hors des sables mouvants de la récession. Certes, les banques centrales rejoigent ce choc, que beaucoup comparent à l’éclatement de la bulle des prêts hypothécaires à risque, avec un essoufflement. Dix ans de liquidités forcées sur les marchés nationaux et les taux d’intérêt maintenus constamment bas pour maintenir en vie le système financier mourant, laissant peu de marge de manœuvre. Une confirmation est la réaction des marchés, un bruit sourd historique pour Piazza Affari suite aux propos qui auraient dû être rassurants et réconfortants par le nouveau président de la BCE Lagarde, le 12 mars.
Il faut certes faire attention à interpréter les à-coups du monde financier qui sont souvent le résultat de manœuvres spéculatives; Cependant, il ne semble pas hasardeux de prédire que de nombreuses économies nationales seront à genoux après ces mois de quarantaine: de nombreuses entreprises devront peut-être fermer leurs portes et nombre de celles qui survivront devront plutôt faire face à une profonde restructuration à plusieurs niveaux. Tout laisse penser que cette crise sera en fait la cause, et aussi l’occasion, avec le temps nécessaire, d’une restructuration de l’économie vers une nouvelle automatisation, avec tout ce que cela implique en termes d’emploi, de conditions de travail et de concentration du capital.[Https://www.repubblica.it/economia/affari-e-finanza/2020/03/16/news/l_impatto_del_coronavirus_sull_italia_spa_possibile_un_danno_da_641_miliardi-251367463/].

En Italie

Depuis le 10 mars, une sorte de couvre-feu est également appliqué ici en Italie. Tous les magasins sont fermés, seuls les magasins alimentaires, les buralistes, les quincailleries, les usines, les services essentiels (par exemple nettoyage publique, l’élimination des déchets et les transports publics) et pas beaucoup plus.
Le gouvernement Conte, soutenu par l’Europe qui concède beaucoup en termes de déficit toléré, légifère avec frénésie pour essayer de mettre quelques correctifs à cette situation d’arrêt forcée: le plan est d’essayer de rassembler autant de liquidités que possible et de les faire pleuvoir d’en haut, en cascade, sur les entreprises. Le financement spécial, le fonds de prêt extraordinaire et l’amortissement semblent faire partie de la solution. Nous convenons tous que les fonds ne seront pas suffisants. La réalité de la production italienne est parsemée de moyennes et petites entreprises dont la faible rentabilité depuis au moins une décennie et le fort endettement suggèrent, comme nous l’avons dit, que le contrecoup contre la pandémie, en termes de sociétés fermées et d’emplois éliminés, pourrait être extrêmement violent .
Quant aux travailleurs, une série de parachutes sociaux sont en préparation: un chômage spécial de trois mois, l’arrêt des hypothèques et des factures pour les licenciés et la suspension de certaines taxes municipales. Des mesures qui semblent insuffisantes à plusieurs points de vue.
L’environnement de travail italien est largement constitué de contrats dits atypiques: pour les numéros de TVA et pour les pseudo [travailleurs] indépendants, le gouvernement travaille sur un remboursement de seulement cinq cents euros pour trois mois; on ne sait pas ce qui arrivera à ceux qui ont des contrats temporaires ou qui sont complètement au noir.  On parle vaguement d’aides pour les loyers mais aussi ici liées à ceux qui peuvent prouver qu’ils sont restés à la maison en raison de la crise sanitaire. Des milliers de travailleurs sont hors jeu depuis mars, sans voir un sou et avec des dépenses à payer qui deviendront bientôt insoutenables.
Cela mériterai une discussion séparée pour ceux qui sont obligés d’aller travailler malgré l’urgence sanitaire.
Les infirmières et le personnel de santé sont soumis à une forte pression: entre ceux qui sont obligés de travailler avec des horaires exténuants et ceux qui, parce qu’ils étaient initialement employés dans des services fermés en raison d’urgence, ont été mis en congé forcé. Sans oublier qu’en vue du contrôle des dépenses, les sociétés hospitalières et coopératives disposent de peu de réserves de gants et de masques et découragent souvent voire interdisent totalement leur utilisation.
Les travailleurs des usines ou des secteurs stratégiques sont ensuite envoyés au cases pipe sans le minimum de protections nécessaires et de compensation contractuelle. Dans un climat rendu particulièrement morose par l’interdiction de se rassembler, et donc par une grève “active”, il existe cependant de nombreux sites de production où la main-d’œuvre a décidé de croiser les bras [refusé de travailler, ndt], au point de contraindre les syndicats confédéraux à faire pression sur le gouvernement pour avoir un entretien avec les parties concernées. Après cette réunion, la fermeture des usines a été officialisée pour quelques jours afin de permettre la réorganisation des espaces conformément au décret et l’achat de protections individuelles pour les travailleurs.
Le cadre pour l’avenir semble particulièrement sombre, dans un horizon qui va bien au-delà de la contingence du coronavirus . Dans les discours prononcés en permanence par le Premier ministre Conte, il est fait constamment référence à l’unité nationale, à l’Italie qui, ensemble, surmontera ce moment. Rien de plus faux. Il est vrai que le virus affecte tout mais les conséquences, tant sanitaires qu’économiques, seront vécues de manière différente: ceux qui ont accumulé des réserves au cours de ces années pourront se permettre de se débrouiller, ceux qui ne vivront que de leur salaire seront obligés de faire d’énormes sacrifices. Les morts du Covid-19 pourraient avoir une connotation aussi bien plus singulière : la privatisation féroce du secteur de la santé menée depuis plusieurs années a entraîné la perte de nombreuses places en soins intensifs et nous imaginons que ceux qui peuvent se le permettre ont déjà recours à des cliniques privées et une quarantaine plus ou moins dorée, sans oublier toutes les autres maladies qui actuellement ne reçoivent aucun traitement car l’attention est toute dirigée vers le coronavirus , à moins que vous ne puissiez accéder à des installations privées.
L’Etat jouera un jeu fondamental sur le plan idéologique. L’exécutif dirigé par Conte après les premières bévues semble avoir trouvé la boussole de la gouvernementalité et ces mesures de mise en quarantaine extrême à la Chinoise semblent trouver un soutien dans la population. Les mesures économiques, même insuffisantes, seront probablement chaleureusement accueillies par ceux qui pensent avoir un peu plus de répit. Mais ces aides coûteront cher, difficile de ce point de vue de tracer des scénarios précis: si l’Europe veut tout reprendre avec des intérêts et une série de politiques d’austérité féroce et de mémorandum de larmes et de sang, pour ainsi dire, elle tombera sur l’Italie; ou si, d’autre part, cette crise fera plutôt vaciller définitivement l’Europe ou remodeler substantiellement ses contours et ses équilibres.

Paravants et tapis roulants

Si nous tournons maintenant notre regard vers tous ces camarades et compagnons qui ont depuis longtemps décidé de lutter contre l’État et le système capitaliste dans lequel nous vivons, nous ne pouvons que commencer par une dure autocritique:cette crise nous laisse sans préparation.
Non préparés de plein de points de vue, à partir desquels nous commencerons à comprendre comment y remédier, au moins à récupérer le terrain perdu et à comprendre si nous aurons la capacité d’intervenir si le mécontentement généralisé devait se transformer en colère puis en action. Non préparé non seulement à cause de nos limites et de notre incapacité, mais aussi à cause d’un faible conflit social répandu parmi les couches exploitées de la population, qui a certainement influencé les possibilités d’intervention des compagnonnes et compagnons. Difficultés causées également par le travail idéologique mené par l’État dans la décennie de l’après-crise de 2008, par sa capacité à accepter des conditions d’exploitation toujours plus élevées et par les mesures répressives mises en place petit à petit. Des difficultés qui ont créé peu d’opportunités d’affrontement et de confrontation, tout en limitant limiter l’osmose entre révolutionnaires et franges du prolétariat disposé à lutter.
Mais comme cela arrive souvent, chaque crise génère des processus d’accélération, dans les conditions matérielles de la vie ainsi que dans la perception des gens qui nous entourent, de manière à nous faire penser que tout n’est pas perdu … en effet. Et que nous devons retrousser nos manches avant qu’il ne soit trop tard. Première étape et objectif minimum réalisable, sortir de la phase d’urgence (si l’on peut parler de sortie) avec une bonne compréhension du phénomène qui se déroule et des défis auxquels il est confronté.
Même pour nous, dans notre ville spécifique, il n’était pas facile de comprendre immédiatement ce qui se passait. À quel point ce virus est-il dangereux? Comment ce danger est-il lié aux caractéristiques structurelles du système de santé et du système socio-économique qui le sous-tend? Comment va se développer le phénomène qui nous entoure? Quelles mesures l’Etat prendra-t-il?
Nous ne cachons pas qu’au cours des deux premières semaines, nous avons continué les éventements, obligés de revoir quotidiennement nos idées et nos ébauches de propositions, sans trop combiner. La réaction qui s’est produite dans les prisons a perturbé tous les plans, montrant peut-être au plus profond de notre inadéquation à la situation, à la capacité de réagir aux événements et de soutenir ce qui se passait.
Que les effets de l’épidémie soient strictement liés à une vie forcée dans des villes de plus en plus peuplées et à un système de santé consacré de plus en plus à d’autres objectifs plutôt qu’à la prise en charge les tranches exploitées, est incontestable. Que l’épidémie existe vraiment, également. Réaliser un plan de confrontation, des discours et des propositions de lutte qui ne prennent pas en compte le réel danger de contagion est naïf, pour le moins irresponsable. Penser que vous pouvez remettre un dépliant à un monsieur de 70 ans qui vit à côté de nous sans les précautions nécessaires, au risque de l’infecter, n’est pas acceptable. Penser à proposer une assemblée dans le quartier pour discuter de la manière de traiter les problèmes économiques, sans penser aux spécificités du moment, serait tout aussi téméraire.
Il est évidemment aussi du devoir des compagnons de ne pas céder à la paranoïa généralisée et de se consacrer à une analyse attentive et précise des événements, pour être ensuite transmis à ceux qui nous entourent. Une analyse qui a ses difficultés intrinsèques en raison de la complexité du phénomène, qui ne peut certainement pas être assimilé, par exemple, à l’étude des politiques de logement public dans une ville, au niveau de militarisation d’une nation ou aux effets d’un ouvrage majeur nuisible au territoire. Analyse rendue encore plus difficile par le fait que le détenteur des données et informations, ainsi que le promoteur des décisions qui guident les critères (pensez par exemple au critère du nombre de tampons à réaliser et sur qui ) est l’État avec ses institutions de recherche.
Permettez-nous donc une brève digression pour essayer de se focaliser sur le problème. On semble pouvoir dire que dans le débat «du milieu» les lectures et les positions sont écrasées sur deux pôles discursifs. D’une part, une tentative de minimiser, sinon de nier, la gravité de la situation, d’autre part, de s’approprier la raison d’État avec sa rhétorique sur l’urgence à laquelle tout doit être subordonné. Une polarisation qui vient de loin et n’est certainement pas le produit de l’épidémie en cours, même si cela ne fait que la rendre plus évidente. Une polarisation qui affecte une grande partie de l’activité et de la production théoriques révolutionnaires, au moins à cette époque et qui oscille entre 1) la possibilité d’entrevoir et d’essayer de prendre une voie indépendante par rapport au système capitaliste et 2) la nécessité de pour faire face à une série de besoins pour lesquels, jusqu’à l’achèvement d’un processus révolutionnaire, ce système ne peut être ignoré. Un contraste donc entre la nécessité de lutter pour obtenir et déchirer, même cet ordre de choses, ce dont nous avons besoin pour vivre mieux et celui d’essayer de comprendre entre-temps quels chemins d’autonomie sont «constructibles» “Au fur et à mesure que les luttes grandissent et se répandent. Des voies d’autonomie dans lesquelles les aspects matériels et théoriques / imaginatifs doivent s’entremêler et se nourrir mutuellement.
En général, soit nous avons tendance à être écrasés par le poids de la nécessité, en devenant plus réalistes que le roi, et au mieux en invoquant un “retour dans le passé” dans lequel l’ État providence “fonctionnait mieux” , soit nous parlons d’autonomie et inconnu, ne tenant en rien compte de la sphère de la nécessité qui, petit problème, est celle grâce à laquelle on peut vivre. On oublie donc que la condition pour pouvoir vivre dans un monde libre et égal est celle de pouvoir vivre. Une question qui se pose de manière extrêmement claire dans une situation comme celle actuelle où les problèmes ont tendance à émerger nus et crus, sans le verni habituel qui les entoure, du moins dans ce coin du monde. À moins que nous ne nions la gravité actuelle de la santé ou que nous n’émettions l’hypothèse que, fatalement, étant donné les conditions actuelles, il n’y a rien d’autre à faire que d’accepter de mourir du capitalisme – parce qu’il s’agit de ça- nous devrions nous efforcer d’élaborer et de soutenir dans la pratique un discours qui viser à protéger votre propre santé et celle des autres et à prendre en compte les besoins de santé, sans être submergé par l’ état . Nous nous rendons compte que cette déclaration ne semble guère plus qu’un slogan, certainement plus facile à dire qu’à faire ou même juste à raisonner correctement. Mais il n’y a rien de simple dans cet ordre de problèmes, et les difficultés structurelles devant lesquelles nous nous trouvons doivent être explicitées et nous accompagner à chaque étape de nos tentatives comme de nos réflexions. La question est évidemment de n’accepter en aucune façon la raison d’État avec ses logiques d’urgence, utile pour discipliner la population, freiner et préparer à l’avance l’émergence du mécontentement et des conflits, ainsi que d’être une expérience importante vers laquelle les autorités tendrons certainement à l’avenir pour tirer plus de leçons. Il n’est pas nécessaire de préfigurer une situation dystopique, de normalisation totale des mesures de confinement actuelles des demain, pour comprendre leur gravité . D’un autre côté, c’était hier, ou plutôt depuis des décennies, que les États s’emploient à étudier les techniques de contre-insurrection et la gestion militaire des crises de toutes sortes. Par exemple, il est possible que la contrepartie exploite cette situation pour relancer la 5G (en faisant appel et en se légitimant, ne serait-ce que comme imaginaire, à une gestion de l’épidémie coréenne. Https://ilmanifesto.it/alta-diagnostica-e-controllo-sociale -le-modèle-corée du sud-bascule-les-nombres-pour-retourner-les-nombres / ) ou d’appliquer un couvre-feu atténué dans d’autres situations critiques.
Cette logique d’urgence, cependant, répond également à des besoins indéniables pour contenir la contagion et c’est la différence profonde entre la situation actuelle et d’autres situations d’urgence sociale ou de catastrophes liées pour ainsi dire à des phénomènes naturels. Négliger ou minimiser ces données ou faire semblant de les oublier ne renforcera certainement pas notre capacité à critiquer et à essayer de contraster les dispositifs et le processus d’auto-légitimation mené par les autorités. Il serait intéressant, par exemple, de comprendre quelles critiques nous devrions adresser à une stratégie comme celle du Royaume-Uni visant à créer la soi-disant immunité de masse …
La critique et l’opposition au soi-disant état d’urgence doivent alors être au moins complémentaires à un discours et aux luttes qui parviennent à mettre au centre les dégradantes politiques de santé, guidées par la féroce logique du profit, de plus en plus au fil des ans et surtout maintenant, ils font de la possibilité d’être soigné pour ceux qui n’ont pas certaines ressources économiques un luxe extrêmement sélectif. Cela ne signifie certainement pas revendiquer le rôle et la logique de la santé publique comme objectif ultime vers lequel tendre, mais la lutte pour pouvoir vivre librement , nous le répétons, passe par la possibilité de vivre et la restructuration dans le domaine de la santé a été et continue d’être de véritables actes de guerre contre de nombreux exploités. Un échec dans la possibilité de se guérir que dans un monde comme [le monde] capitaliste, structurellement hostile à toute forme d’autonomie, équivaut à de vraies condamnations à mort, même au-delà de Covid-19. S’efforcer d’élargir ces possibilités, parallèlement à la construction d’une connaissance et d’une logique autres que celles de la santé publique, représente un élément fondamental pour une perspective révolutionnaire qui ne veut pas s’opposer idéologiquement à la liberté et à la nécessité de la vie. Comment articuler des propositions concrètes à cet égard est un problème qui va certainement au-delà de ce court essai et, au moins pour le moment, des compétences et de l’expérience de ses auteurs. Nous apprendrons à le faire, si nous apprenons, à le faire et à raisonner de manière critique sur les luttes que nous serons en mesure de construire.
Tenter, dans la mesure du possible, d’analyser correctement le phénomène a des répercussions à la fois éthiques et stratégiques: d’une part, nous ne pouvons pas contribuer à mettre en danger les autres et les éventuels complices face au risque de contagion. Nous, les compagnonnes et compagnons, qui sont déjà peu nombreux et avec des énergies limitées, ne pouvons pas être malades. Nos éventuels complices ne peuvent pas tomber malades et mourir … laissez les riches, les dirigeants et les patrons tomber malades, au moins. D’autre part, nous devons essayer de comprendre comment la situation et les scénarios qui pourraient se produire évolueront pas à pas.
Nous ne pouvons certainement pas nous permettre d’attendre, car malgré le déterminisme le plus approximatif ou même vouloir imaginer une catastrophe certaine et sûre qui se présente à nous, il s’agit de savoir comment essayer de transformer la catastrophe en révolution.

Lutter… [mais] comment

Reprenant le fil de ce qui a manqué, nous ne pouvons manquer de constater une certaine lacune dans notre relation avec les exploité.e.s qui vivent autour de nous. Certaines choses qui devraient être à la base de notre intervention sont déjà difficiles: créer des relations de solidarité avec les personnes les plus touchées par les répercussions sociales et matérielles en contournant certains diktats idiots du gouvernement et la dépendance à l’égard de l’appareil de contrôle;contraster le récit dominant et révéler les répercussions futures qui auront sur la qualité de vie; tenter de partager avec le prolétariat et les migrants prolétariens des outils pour comprendre le phénomène du virus et les mouvements de l’État; aider à comprendre le type de répression mis en place et comment y faire face (pensez à l’application généralisée de l’article 650 du code pénal). Que les amortisseurs [aides d’état, ndt] mis en place seront destinés à ne soutenir que la partie la plus récupérable de la population est certain, mais aussi le récit mis en place jusqu’à présent dénote une certaine sélection face à l’infection elle-même: une grande partie des migrant.e.s exploité.e.s, qui ne savent pas bien la langue italienne, ont de sérieuses difficultés à comprendre quelque chose, même si seulement comprendre comment bien utiliser un masque ou des gants. [sic, ndt]
Là aussi, il est nécessaire de saisir les aperçus qu’une situation de crise entraîne et d’essayer de prendre ce processus d’accélération, d’essayer de rencontrer en peu de temps beaucoup plus de personnes que nos luttes spécifiques n’ont pu le faire ces derniers temps. Un déficit qui ne peut peut-être pas être entièrement comblé. En même temps pour comprendre si et comment rencontrer à nouveau ces personnes avec qui nous avons partagé des morceaux de lutte, ou avec qui nous les partageons toujours. Par exemple, si les luttes dans les CRA n’avaient pas cessé et s’ils n’avaient pas retiré les téléphones portables à l’intérieur de ces cages, cela aurait peut-être été un autre champ de bataille comme les prisons, mais avec plus de possibilités d’interaction.
Si nous voulions nous pencher sur les défis auxquels nous sommes confrontés même en se concentrant sur une analyse temporelle, nous devrions commencer à imaginer ce qu’il faut faire dans la phase sortante de cette urgence sanitaire (si et quand il y en aura), et les conséquences sociales que cela entraînera … avec plus la possibilité de retourner dans la rue. Il n’y aura pas une feuille qui bouge et tout le monde sera content du retour à la normale avec le cri de “RinascItalia”? Y aura-t-il plutôt des glissements de terrain qui canaliseront une colère collective colérique? Une série de conflits va-t-elle commencer dans des secteurs spécifiques de la société (travailleurs de la restauration, agents de santé, chômeurs, personnes atteintes de maladies aggravées par l’urgence du coronavirus , lutte pour les factures, etc.)? Ici aussi, nous partons des lacunes.
Qui plus ou moins, dans les différentes régions de l’Italie, a développé au fil des années des études et des recherches dans les différents domaines qui composent cette société, consacrée à la production et à la reproduction du système capitaliste. Souvent avec l’idée d’extraire une analyse qui guiderait et éclairerait les propositions de lutte et d’action. Pourtant, au moins pour l’écrivain, si l’urgence se termine maintenant et par exemple un entonnoir de visites de santé suspendues à récupérer est créé, avec le risque pour les situations les plus urgentes de devoir se tourner vers le particulier cher, saurions-nous également à quelle entreprise aller casser les bonbons? Indiquer en détail qui sont les responsables de cette condition? Il faudra se doter d’étude et d’observation, mais aussi d’un échange avec les éventuels complices que nous connaîtrons. En revanche, nous sommes nous-mêmes immergés dans la société et subissons l’exploitation qu’elle apporte. Au travail, parmi les voisins de l’immeuble, les amis et les amis étudiants, des proches enfermés dans les zones rouges et avec des postes de soins intensifs épuisés. D’éventuels complices, nous en connaissons peut-être déà.
Certains problèmes immédiats concerneront principalement la santé des personnes et présenteront immédiatement un aspect de classe: qu’adviendra-t-il de toutes les chronicités et pathologies qui, dans cette situation de crise et de manque de traitement, seront entrées en stade critique? Quel avantage le détournement d’une partie des consultations vers les cliniques payantes aura-t-il pour la santé privée? Comment les personnels de santé, contraints depuis longtemps à des conditions contractuelles dégradantes et à des horaires de travail épuisants, dont la sortie de crise sanitaire sera beaucoup plus longue?
Habitués au fil des ans aux coups répressifs, aux difficultés des conflits sociaux, au côté partiel des luttes, nous risquons de perdre l’élan imaginatif et utopique. Un élan qui doit nécessairement pouvoir tirer des mondes idéaux libérés du capitalisme, mais jeter le cœur au-delà de l’obstacle de la résignation. Et voyons grand.
Un regard qui, pour couper le problème avec la hache de guerre, oscille entre la capacité d’attaquer et l’autogestion des ressources dans la reproduction de la vie dans un processus insurrectionnel, ainsi que ses méthodes d’organisation. Parce que si nous soutenons que le monde capitaliste en tant que tel est à la base de la crise des coronavirus , si nous soutenons que la possibilité s’ouvre à de nombreuses personnes d’acquérir cette conscience à travers une lutte difficile, alors la portée est radicale.
Nous nous arrêterons à «remuer» ou à soutenir plus trivialement les manifestations de rue et leur niveau de confrontation, ou en même temps nous nous poserons le problème de savoir comment se ravitailler, comment continuer à se soigner sans reproduire ses modèles à but lucratif, comment utiliser la terre et des espaces agricoles pour produire de la nourriture? Comment pourrons-nous nous défendre des attaques de l’homologue contre un territoire, même partiel, en ébullition? Comment dialoguer avec d’autres territoires loin de nous? D’un autre côté, s’ils coupent l’eau et le courant d’une section en révolte d’une prison, pourquoi ne le feraient-il pas avec tout un quartier?
Ici le vertige s’insinue trop, mieux vaut dormir. Nous espérons seulement que ces arguments partiels pourront guider la confrontation à venir.

Turin, 16 mars 2020